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Alcibiades sous le tropique politique du Cameroun : radioscopie d'une félonie organisée.

L'entrée triomphaliste des nouveaux leaders sur la scène politique au Cameroun a été un stimulante pour certains citoyens en manque de repère et de modèles politiques, dans un espace de liberté devenu le repaire de l'imposture et des mésaventures.

C’est ainsi que la nouvelle classe politique devenue consciente et constituée majoritairement des jeunes, a cessé de vivre par procuration leur existence politique avortée, pour cristalliser leurs suppléments d’affect politique autour d’une rupture idéologique avec le système oligarchique régnant. Pétris d’idées salvatrices, ces novices ont tout simplement dès leurs apparues politiques continué à pérenniser les actions que d’autres entrepreneurs politiques d’antan ont pensé et implémenté au lendemain de l’ouverture du Cameroun à la culture démocratique. Certains au premier moment de leur engagement politique se sont démarqués par des actes républicains pour une véritable alternance démocratique souhaitée. Mais au fil de temps, le serment de ces dilettantistes politiques dégage une certaine perplexité avérée au regard de leurs différents déploiements quotidiens sur l’espace public national et international, surtout dans un contexte démocratique embryonnaire comme celui du Cameroun, qui est encore ancré par la logique du post-monolithisme. Ce comportement qui s’avère ambivalent pétris d’une rhétorique et d’une loquacité de prétérition rappelle Alcibiade connu dans l’histoire comme un personnage biface semblable au Dieu de la mythologie grecque Janus. 

S’il faut convoquer la mémoire collective, Alcibiade est né en 450 avant J.-C dans la cité Athénienne. Il a été l’un des hommes de l’histoire gréco-romaine qui a fait trop de controverses entre les détenteurs de la mémoire de l’humanité, à cause de la complexité de ses agissements politiques intéressés, l'obscurité de ses intentions et sa duplicité. Mais tous ces érudits s’accordent qu’il a été un esprit doué, un orateur intelligent comme Cicéron avec une préciosité chirurgicale au niveau de son langage. Ami de longue date de Socrate, Alcibiade va trahir le célèbre philosophe grecque, qui à son tour va l’accuser de ‘’théoricien de la violence et de la volonté de puissance’’. Poussé par un gout disproportionné au luxe, il va s’illustrer par le port des chaussures rares, des houppelandes de pourpre qui faisait de lui un arriviste. Partout dans la cité Athénienne, il faisait l'objet d'engouement et de flatteries. Son manque de caractère, son égoïsme, sa vanité, son ambition forcenée l'entraînèrent à pratiquer une politique instable, voire malhonnête qui se solde par une série de malheurs pour Athènes. Qui plus est, ses défectuosités et ses dévergondages séduisaient plutôt au lieu d'irriter le peuple. Car il vécut au moment où il y avait une crise d’identité politique. C’est dans ce contexte qu’il a su saisir l’opportunité avec sa prose ancrée de boniments, qui au lieu de sauver Athènes a contribué à l'affaiblir.

Au regard de ce héros tristement célèbre et tant querellé, une analyse radioscopique de l’espace politique du Cameroun de nos jours livre des individus doués de talent semblable à celui d’Alcibiade. Parce que leur entrée en politique est ancrée d’une certaine prétention, une arrogance et une condescendance à l’égard des anciens acteurs politiques qui ont marqué l’histoire politique du Cameroun notamment avec le retour du pluralisme politique. L’UPC, le SDF, l’UDC, le MDR, l’UNDP, le MP… sont ces formations politiques qui contre vent et marrée ont résisté face à la machine tyrannique du RDPC. Cette répression parfois sanglante n’a pas empêché le SDF de gagner les élections présidentielles de 1992, dont la victoire sera arrachée par le parti État. Malgré les années de résistance, l’opposition va être fragilisée avec les trahisons et l’entrée de certains opposants dans le gouvernement du RDPC. La naissance du MRC le 13 Août 2012 est venue créer une nouvelle dynamique au sein de l’opposition, qui était en panne d’énergie nouvelle. 

S’il faut le dire, ce jeune parti politique est né dans un contexte d’oppression accrue. Où l’autorité administrative avait usé de tout son pouvoir pour empêcher le lancement et la tenue de la première convention. Tout comme les autres formations politique de l’opposition, le MRC dès sa création avait pour leitmotiv les inscriptions massives sur les listes électorales. Chaque meeting de ce parti était un moment idoine pour déplacer les agents d’ELECAM pour l’enrôlement biométrique des potentiels électeurs et le retrait des cartes d’électeur pour les inscrits. En guise d’exemple, la Fédération Communale de Yaoundé III du MRC a commencé les campagnes de sensibilisation des inscriptions sur les listes électorales depuis fin 2015. Et depuis janvier 2017 (images à l’appui), chaque descente sur le terrain est suivie par une campagne de conscientisation politique des camerounais et les inscriptions sur les listes électorales. Cet exemple est valable pour les militants de cette formation politique de Tokombéré, Bertoua, Pitoa, Dschang, à Soa, Douala, Nkongsamba, Makénéné…

À côté de ce microcosme politique, un(e) autre mouvement/formation politique qui se réclame de l’opposition, bien ayant posé des actes citoyens en lançant une opération inscriptions sur les listes électorales, s’est érigée en "leader politique exclusiviste et incontestable d’enrôlement exponentiel des camerounais sur les listes électorales". Cette posture est marquée par des sorties invectives et ignominieuses en jetant l’opprobre sur les leaders politiques qui occupent la scène depuis des années. De cette attitude condescendante, on note le désir de fragiliser l’opposition afin de se hisser sur la scène politique comme leader messianique, bien que sa formation politique n’ait pas un ancrage national considérable et brille beaucoup plus dans les espaces cybernétiques. Ainsi, un certain nombre de questions mérite d’être posée suite à ces sorties itératives. L’ensemble des partis de l’opposition travailleraient-ils véritablement pour le départ du régime satrapique de Yaoundé ? Dans le contexte actuel, un parti politique qui se réclame de l’opposition doit-il se considérer comme l’opposition de l’opposition ? Ce revirement ne serait-il pas un moyen implicite d’empêcher les camerounais de se cristalliser autour d’une idée fédératrice ? L’opposition n’a-t-elle pas à ses rangs des félons déguisés en loyalistes ? En laissant la possibilité à chacun de se faire une opinion sur les trois premières interrogations, la réponse à la quatrième question parait utile pour préparer l’opinion publique à s’organiser pour ne pas tomber dans la logique alcibiadiste.

En effet, l’évolution des mouvements politiques est marquée par des trahisons qui ont été des obstacles considérables à l’ascendance politique de certains grands hommes. Pour saisir la raison d’être de ce phénomène, il y a lieu de connaitre la connotation axiologique à la lumière de l’espace politique camerounaise. Il n’est pas question ici de creuser le sens premier du mot trahison qui renvoie à une rupture idéologique ou d’un pacte signé avec un semblable. Mais, expliciter la question des rapports de force asymétrique entre l’opposition et le pouvoir incarné par le RDPC. Ce dernier, malgré sa présence effective sur l’ensemble du territoire national continue à contrecarrer l’émergence des nouveaux acteurs politiques crédibles au sein de l’opposition. Il faut souligner que l’arrivée du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun sur la scène politique est et continue à être une source anxiété pour les gouvernants qui sont dans la logique du conservatisme du pouvoir ad vitam aeternam. Cette peur s’est accrue avec le changement orchestré dans le parti leader de l’opposition avec l’arrivée d’un modéré à sa tête. En dehors des stratégies de repressions quotidiennes, les thuriféraires du système Biya ont opté pour une autre méthode qui est celui de multiplier les acteurs politiques. Ainsi, pour casser l’avancer et tout rapprochement de ces deux partis, le parti au pouvoir dans leur manœuvre stratégique et idéologique se serait rapproché auprès de certains acteurs de la société civile connus pour les encourager à créer des mouvements politiques contre-opposition pour la maintenir ces partis politiques dans une situation précaire. Il faut noter que cette stratégie avait été utilisé contre l’Union des Populations du Cameroun avec la prolifération des micros partis politiques qu’on a appelé dans ce contexte les partis administratifs. Cette thèse loin d’être négligeable, montre tout simplement le désir du pouvoir en place de trouver les mécanismes pour annihiler l’opposition.

En outre, la pratique de la félonie en politique n’est seulement pas l’apanage du Cameroun. En dehors d’Alcibiade, personnage caractérisé par un esthète de trahison répétée, la Grèce tout comme l’Afrique ont vu naitre les héros de la perfidie comme l’Éburon Ambiorix, traître par patriotisme, Brutus qui a été traître par idéologie. Etienne Marcel, Jean sans Peur, Henri de Guise, Biron, Saint-Paul, Cinq-Mars avaient ont trahit leurs proches par arrivisme, désir de puissance, arrogance démesurée....

Il ressort de cette réflexion que la traitrise politique connue comme une autre forme de transgression de l’esprit, s’annonce dans le contexte sociopolitique du Cameroun comme une redoutable arme à destruction massive de l’opposition, qui risquerait d’être émiettée comme un kaléidoscope au lendemain des échéances électorales si elle en sort vaincue. C’est ainsi que les récompenses de ces félons après ‘’la victoire de leurs mentors’’ seront des postes dans des départements ministériels ou les sévices déconcentrés. Une fois arrivée à la mangeoire, ils diront à leurs disciples ingénus dans leur roublardise habituelle ‘’ Nous ont été sollicités pour servir la république et non un parti politique’’. Dans ce contexte de félonie organisée , ceux qui croient encore à un Cameroun dépourvu de tous les maux installés par la satrapie devraient soutenir tout camerounais qui se lève contre l’injustice, la mal gouvernance, la corruption au détriment ces mercenaires politiques.

PEFOURA Abdel Kabir

Soldat de la Renaissance et Esprit libre de la République