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Arabes Choa contre Mousgoum: Une dizaine de morts dans des affrontements

Dans les villages Missiské, Maham et Kargama (Logone et Chari), rien ne va plus entre les deux communautés d’éleveurs et de pêcheurs qui ont toujours eu une cohabitation difficile.

Des affrontements interethniques ont éclaté dans la matinée du 10 août dernier entre les communautés Arabes Choa et Mousgoum dans le village Missiské, situé dans le canton de El Birké, arrondissement de Logone-Birni, département du Logone et Chari. Selon les riverains, tout commence aux premières heures de la matinée lorsque des bergers Arabes Choa constatent que des pécheurs appartenant à la communauté Mousgoum avaient érigé des canaux de pèche sur une parcelle qui leur servait de pâturage.

A cause de cet « empiétement » sur leur espace, quelques bœufs qui recherchaient de l’herbe fraîche et verdoyante se seraient embourbés et fracturés pour certains. Ceci va provoquer l’île des bergers qui demandent aussitôt des explications aux Mousgoum qui s’affairaient à leurs activités de pêche. La tension monte d’un cran et une vive altercation s’en suit. Chaque camp se donne raison et campe sur ses positions, jusqu’à ce que les éclats de voix dégénèrent en une bataille rangée entre deux communautés.

Avec des armes blanches (machettes, couteaux, flèches), les protagonistes engagent des combats qui vont durer toute la journée, embrasant les villages environnants de Maham et Kargama, sous une pluie battante. Le bilan non officiel fait état d’au moins 13 morts, soit 10 Arabes Choa et trois Mousgoum, au cours de cette seule journée qui a également fait au moins une quinzaine de blessés. Deux chefs traditionnels seraient tombés dans ces violences.

Joint au téléphone hier mercredi, le maire de Logone-Birni, Abakar Brahim, n’a pas rejeté ce bilan qui, d’après lui, pourrait s’être aggravé au cours de cette marquée par de nouveaux affrontements. Plusieurs blessés graves ont été emmenés à Kousseri, le chef-lieu du département qui abrite un hôpital de district.

A propos de ces violences regrettables qui traduisent l’incapacité des autorités administratives à réguler durablement la cohabitation de tout temps orageuse entre les différentes communautés de prêcheurs, d’agriculteurs et d’éleveurs établies dans le Logone et Chari, Mahamat, un riverain joint au téléphone explique : « Les pécheurs Mousgoum ont creusé de nombreux canaux de pêche un peu partout pour retenir les poissons. Ces mêmes bassins sont destinés à être exploités en saison sèche par les mêmes agriculteurs Mousgoum pour planter le sorgho. Dans le même temps, ces espaces verdoyants constituent en cette période-ci un endroit idéal pour les bergers Arabes Choas où paître leurs bœufs. Or, le fait qu’on creuse des canaux de pêche à ces endroits provoque de gros trous dans lesquels le$ bœufs échouent et meurent. D’où la colère des bergers à chaque fois ».

Expédition punitive

Selon le maire, l’intervention des forces du maintien de l’ordre a permis de ramener un calme précaire dans l’arrondissement de Logone-Birni depuis l’après-midi d’hier. Plusieurs habitants expliquent que la tension couvait entre les deux communautés depuis belle lurette.

Les autorités administratives avaient même été saisies de la situation aux fins d’anticiper un éventuel conflit ouvert. D’autant que, le 22 juin dernier, la tension étaient montée d’un cran entre la même communauté Arabe Choa et les Kotoko à Ngame et Aboudangala, dans l’arrondissemerit de Makari. « Coupable » d’avoir injustement tranché un litige foncier en faveur d’un de ses sujets, le sultan des Kotoko avait été mortellement poignardé par un Arabe Choa.

En retour, les populations de Ngame avaient organisé une expédition punitive dans le village voisin de Aboudangala, peuplé de Kotoko. Un deuxième décès avait été enregistré dans les violences qui s’en étaient suivies.

Sur les antennes du poste national de la Crtv, le préfet du Logone et Chari, Jean Lazare Ndongo Ndongo, avait fait part de sa vive inquiétude et appelé au renforcement des effectifs des forces du maintien de l’ordre sur le terrain.

Pour mémoire, les principales communautés du Logone et Chari que sont les Kotoko, les Arabes Choa et les Mousgoum sont historiquement divisées sur la question des terres. Avant les événements du 22 juin, les derniers affrontements qui avaient mis aux prises les Kotoko et les Mousgoum remontent à 2015.

Mutations