×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Cameroun-"A mort, je souhaiterais être enterré sans cercueil et je préfère même l’incinération" Père Ludovic Lado

Père Ludovic Lado

A mort, je souhaiterais être enterré sans cercueil et je préfère même l’incinération!

Voici pourquoi !

Ce dimanche, comme les deux derniers dimanche de ce temps de Carême, nous restons à Jérusalem avec Jésus qui anticipe déjà sa mort. Non seulement il pense à sa propre mort, mais il nous donne un enseignement d’une grande valeur mystique sur le lien fondamental entre la vie et la mort. Nous pensons souvent à la mort comme une mauvaise chose, mais Jésus nous dit la vie jaillit de la mort, l’épi de blé, l’épi de maïs, tout fruit jaillit de la mort d’une semence. Et si chacun de nous considère qu’il est une semence jetée ici sur terre par Dieu, il revient donc à chacun de se demander comment il doit mourir pour revivre, comment il doit se perdre pour donner la vie. Jésus nous invite à changer le regard que nous portons sur la mort. Relisons un extrait de l’évangile de ce dimanche. Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,20…33. « En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.

Si quelqu'un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l’honorera. » (…) maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par-là de quel genre de mort il allait mourir. » Mon partage n’aura qu’un seul point : Regarder sa mort en face pour donner un sens à sa vie ! Jésus est à Jérusalem, une ville qui lui est très hostile et anticipe déjà qu’il sera tué : « L’heure est venu où le Fils de l’Homme doit être glorifié », ce qui veut dire l’heure est venue où je dois mourir. Mourir en accomplissant sa mission sur cette terre est la voie spirituelle de la glorification. L’heure est venu où une semence doit perdre sa vie pour donner beaucoup de fruit. C’est une loi de la nature ! Même la biologie nous enseigne que « chaque seconde, près de 2000 cellules meurent naturellement dans le corps humain d'un adulte "moyen" soit 50 à 70 milliards par jour » ; et de nouvelles cellules naissent selon un mécanisme tout à fait naturel pour les remplacer. Et imaginez, si chacun devait vivre indéfiniment, il n’y aurait plus de place pour les nouvelles vies.

La mort aide la vie à se renouveler. Même en physique, Lavoisier nous dit au sujet de la matière que « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». C’est ce qui arrive à notre corps quand nous mourrons. Il se décompose et redevient poussière. C’est pour cela que j’aime la manière musulmane d’enterrer les corps, sans cercueil. Ou encore les Hindous qui calcinent le corps et répandent les cendres dans la nature. C’est très profond ! Et quand on dit qu’il y a une vie après la mort, il y a lieu de le comprendre aussi dans le sens de la mort qui rend service à la vie.

C’est aussi ce qui arrive quand les déchets que nous produisons deviennent de l’humus qui alimente une nouvelle vie. A mort, je souhaiterais être enterré sans cercueil et je préfère même l’incinération ! Sur le plan spirituel, il y a là une invitation à changer le regard que nous portons sur la mort, sur notre mort. C’est normal de mourir, surtout quand on meurt en accomplissant sa mission sur cette terre : « Si quelqu'un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l’honorera ». Quand on vit ainsi, en étant au service de la vie, même notre mort donne la vie, elle devient de l’humus, du fumier pour les générations futures. C’est pour cela que Jésus conclut le passage d’aujourd’hui en disant : « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » !

Et c’est ce qu’il fait depuis plus de deux mille ans, attirer les hommes à lui !

 

Ludovic Lado, jésuite !