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Cameroun - Covidgate : Ces ministres attendus dès ce lundi au Tcs

Plusieurs hauts responsables défilent depuis la semaine dernière devant les fins limiers du Tribunal criminel spécial (Tcs). Il serait question, au terme de l’audit commandité par le chef de l’Etat, que chacun justifie l’utilisation des fonds perçus dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Place dès ce lundi aux membres du gouvernement. Panique dans le sérail.

Ce qu’il convient de dire d’emblée c’est que la convocation de tous ceux qui ont géré les fonds Covid devant les enquêteurs du tcs, a été validée par la plus haute hiérarchie de l’Etat. Selon nos sources généralement très bien informées, les convocations y afférentes adressées aux membres du gouvernement et assimilés portent la signature du ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso. A en croire nos mêmes sources, l’ordre de passage devant ces enquêteurs a été soigneusement dressé par le commissaire divisionnaire Joël Oko Petis. Pour être plus précis, renseignent nos sources, chaque membre du gouvernement a reçu une correspondance du ministre d’Etat Laurent Esso et une convocation du commissaire divisionnaire Joël Oko Petis. Cette correspondance signée personnellement du ministre d’Etat en charge de la Justice indique que c’est sous les hautes directives du chef de l’Etat qu’il est demandé à ces membres du gouvernement de se présenter aux enquêteurs du corps spécialisé des officiers du tcs.

Ladite correspondance est ampliée à la présidente du tcs, Annie Noëlle Bahounoui Batende et au commissaire divisionnaire Joël oko Petis, chef de division des enquêtes dans le corps spécialisé d’officiers de police judiciaire du tcs. C’est sur la base de cette ampliation que le commissaire divisionnaire aurait vraisemblablement établi un ordre de passage bien planifié pour adresser à chaque ministre concerné une convocation appropriée. Selon certaines indiscrétions, après le passage du délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguélé, la semaine dernière, certains ministres devraient à leur tour défiler devant ces en quêteurs à partir de ce lundi matin. il devient dorénavant évident que, dans bien des cas, la gestion des fonds alloués par les bailleurs de fonds, ainsi que par l’Etat du Cameroun dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Covid-19, n’a pas été des plus orthodoxes.

 

 

Répartition du fonds spécial de Solidarité nationale contre le Covid-19 (2020)

Dette intérieure publique : 50 000 000 000 Fcfa

Minsanté : Manaouda Malachie : 45 630 000 000 Fcfa

Minepat : Alamine Ousmane Mey : 26 000 000 000 Fcfa

Minesec : Nalova Lyonga Egbe : 7 000 000 000 Fcfa

Minedub : Etoundi Ngoa Laurent Serge : 6 500 000 000 Fcfa

Minresi : Tchuente Madeleine : 6 100 000 000 Fcfa

Minesup : Fame Ndongo Jacques : 6 000 000 000 Fcfa

Minader : Mbairobe Gabriel : 6 000 000 000 Fcfa

Mindef : Beti Assomo Joseph : 3 600 000 00 Fcfa

Dgsn : Mbarga Nguélé Martin : 3 000 000 000 Fcfa

Mindevel : Elanga Obam Georges : 2 500 000 000 Fcfa

Minas : Kendeck Paul Irène : 2 500 000 000 Fcfa

Minepia : Taiga : 2 000 000 000 Fcfa

Minpmeesa : Bassilekin III Achille : 2 000 000 000 Fcfa

Mintoul : Bello Bouba Maïgari : 1 700 000 000 Fcfa

Minproff : Abena Ondoua Marie-Thérèse : 1 500 000 000 Fcfa

Minat : Atanga Nji Paul : 1 400 000 000 Fcfa

Mincommerce : Mbarga Atangana Luc Magloire : 1 000 000 000 Fcfa

Mintss : Owona Grégoire : 1 000 000 000 Fcfa

Mint : Masséna Ngalle Bibéhè : 1 000 000 000 Fcfa

Minmidt : Dodo Ndoke Gabriel : 1 000 000 000 Fcfa

Cour suprême : Mekobe Sone Daniel : 1 000 000 000 Fcfa

Minjec : Mounouna Foutsou : 750 000 000 Fcfa

Mincom : Sadi René Emmanuel : 420 000 000 Fcfa

Minfi : Motaze Louis Paul : 400 000 000 Fcfa

Total : 180 000 000 000 Fcfa  

 

Pour la petite histoire, il faut se rappeler qu’en mai 2020, le Fonds monétaire international (Fmi) avait mis à la disposition du Cameroun, une enveloppe de 135 milliards de Fcfa. Et l’Etat du Cameroun a, à travers un « Fonds Spécial de Solidarité Nationale pour la Lutte contre le Corona virus19 et ses répercussions économiques et sociales », dégagé une enveloppe financière estimée à 45 milliards de Fcfa. Ces fonds ainsi mis à la disposition du Cameroun par les bailleurs de fonds internationaux étaient initialement destinés à l’acquisition du matériel sanitaire et autres instruments de lutte contre la pandémie du coronavirus. Seulement, l’écho des dénonciations entendues çà et là après coup, va plutôt décrier des cas scandaleux de massifs détournements desdits fonds par plusieurs hauts responsables de la République.

Ceci, au point de susciter l’ire du Fmi et du président de la République. En réaction donc à la demande incessante de clarté exprimée par le Fmi, rapporte notre confrère « Courrier diplomatique » dans son enquête intitulée « Cameroun-enquête sur la gestion calamiteuse des fonds covid-19 : les bailleurs de fonds exigent l’arrestation des auteurs et menacent de suspendre le Cameroun », le président Paul Biya en tant qu’ordonnateur principal et garant républicain des sommes prêtées, va aussitôt demander au Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), à travers une correspondance du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République de « (…) faire accélérer la mission d’audit des fonds Covid-19 dont le rapport faciliterait la conclusion avec le Fmi d’un nouveau programme économique et financier ».

Dépenses Engagées

Une fois le rapport du Consupe établi, renseigne davantage notre même source, le chef de l’Etat va par la suite ordonner, le 6 avril 2021, via son ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, le transfert au ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, de ce rapport d’audit du Consupe. « Vous faisant tenir ci-joint thermocopie du rapport de la chambre des Comptes de la Cour suprême, j’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du chef de l’Etat prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y relevés », écrit Ferdinand Ngoh Ngoh dans une correspondance adressée à Laurent Esso. La réponse du ministre d’Etat en charge de la Justice ne se fait pas attendre. « Suite à votre correspondance de référence et dont l’objet est porté en marge me répercutant les hautes directives du chef de l’Etat prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, co-auteurs et complices des cas de malversations financières relevés par le rapport de la chambre des comptes de la Cour Suprême. J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir me faire parvenir les pièces d’investigation de la haute juridiction, non jointes à votre correspondance susvisée », réagit Laurent Esso le 22 avril 2021. Seulement, de nombreux observateurs vont constater avec le ministre d’Etat en charge de la Justice, l’absence de cette thermocopie qui aurait dû accompagner la correspondance de ministre d’Etat Sgpr. Alors question : où est donc passée cette thermocopie qu’évoque pourtant Ferdinand Ngoh Ngoh dans sa correspondance adressée au garde des Sceaux ? Difficile à dire. Toujours est-il qu’à en croire nos sources, l’audit commandité par le chef de l’Etat révèle un trou de près de 50 milliards de Fcfa.

il revient donc aux fins limiers du TCS de déterminer qui sont les auteurs, les co-auteurs et même les complices présumés de cette distraction des fonds affectés à la lutte contre le coronavirus. Même si aujourd’hui une certaine fébrilité gagne certains ministres ou leurs complices, quelques analystes avertis estiment qu’il n’y a pas lieu de s’affoler pour autant. « Pourquoi avoir la peur au ventre si l’on a tous les justificatifs liés aux dépenses engagées sur les fonds Covid ? » s’interrogent certains avant d’ajouter : « d’où viendrait la peur ? Tant que la preuve n’est pas avérée, il y a présomption d’innocence. Sauf si « convocation » (y compris au Tcs) est synonyme de culpabilité… Ce à quoi je ne souscrirai jamais », réagissent d’autres avant de renchérir : « les justificatifs ne suffisent toujours pas. Pensez au délit d’initié, à la faute de gestion, à la surfacturation etc… Si les justificatifs seuls suffisaient, aucun gestionnaire ne serait jamais inquiété ». Par contre pour d’autres (et ils sont nombreux) l’action initiée par le chef de l’Etat est salutaire à plus d’un titre.

Pour eux, « on a longuement accusé le président Paul Biya de garder dans ses tiroirs les dossiers de ses amis, et ne faire arrêter que ses adversaires. Maintenant qu’il décide de tout balancer au pouvoir judiciaire, sans discrimination, certains se demandent si on peut arrêter un ministre en fonction. Disons plutôt bravo à celui-là qui représente les institutions. Bientôt on va même entendre « prisonniers politiques », « journalistes emprisonnés ». on va peut-être même entendre des choses dans le genre « il enferme tous ceux qui peuvent faire obstacle à la montée de Franck Biya…Non au gré à gré...etc.. ». Seulement, note un autre observateur pointilleux : « lorsqu’on ouvre déjà une information judiciaire en général dans la méthode Biya, c’est qu’on cherchait juste un déclencheur pour tout verser. Sauf que la procédure est contradictoire ». Chaud donc devant !

Source: La Nouvelle