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Cameroun : Discours intégral de Maurice Kamto à l’occasion de l’installation du bureau de la région du Littoral 1

Mesdames Messieurs,

Mes chers Amis,

Depuis l’installation du Bureau régional de notre parti dans le du Littoral 2, à Nkongsamba, le 08 octobre dernier, nous avons tous été témoins, directement ou à travers les médias, notamment :

- des graves inondations qui ont frappé mortellement des dizaines de nos compatriotes de la Région de l’Extrême-Nord et causé des dégâts inestimables ;

- de la chute d’un avion à Bibey, dans la Haute-Sanaga, qui a coûté la vie à tous ceux qui étaient à bord, y compris les pilotes ;

- de soldats et autres compatriotes morts dans le cadre du conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ;

- d’un éboulement de terrain dimanche dernier, au lieu-dit « Damas » à Yaoundé, qui a arraché à la vie plus d’une dizaine de personnes et fait de nombreux blessés graves.

En mémoire des compatriotes morts en ces diverses circonstances, et en celui de nos Amis politiques du MRC qui nous ont quitté dans ce laps de temps, observons une minute silence.

D’emblée, je voudrais remercier les autorités diocésaines et les responsables du Collège Saint-Michel de Douala, d’avoir accepté d’accueillir cette manifestation publique, dans les conditions et suivant les modalités habituelles qu’elles appliquent à ceux qui veulent utiliser leur espace. Si nous nous retrouvons plutôt ici, à Japoma, aujourd’hui, ce n’est pas suite à un refus de leur part. elles avaient donné leur accord par écrit pour nous accueillir dans leur enceinte sécurisée.

Je voudrais exprimer ensuite toute notre appréciation aux autorités administratives et aux forces de maintien de l’ordre de la ville de Douala pour leur accompagnement dans l’identification d’un site répondant à leurs préoccupations. Quelles que soient les raisons pour lesquelles elles ont préféré que notre meeting se tienne à cet esplanade du stade omnisport de Japoma, elles l’ont fait sans acrimonie ; elles ont choisi la concertation, que nous avons toujours souhaitée, au lieu de recourir comme par le passé à la mesure brutale et vexatoire de l’interdiction pure et simple de l’évènement. Ces autorités ont pu constater notre bonne disposition à une franche collaboration avec elles, à tout moment, dans le souci commun de tenir nos manifestions dans la légalité et la paix, sans aucun trouble à l’ordre publique. Nous ne demandons aucune faveur, seulement à être traité comme les autres partis politiques. Je voudrais leur dire combien nous apprécions ce changement d’attitude qui fait honneur à la République. J’espère que ce dégel administratif marque la fin des anathèmes contre le MRC, de l’ostracisme et de la violence gratuite dont nous sommes si souvent victimes, et que nous pourrons enfin mener nos activités politiques en toute quiétude, et comme toujours dans la paix.

La ville de Douala est parmi les toutes premières localités de notre pays à avoir porté la MRC sur les fonts baptismaux ; cette ville cosmopolite, matrice fondatrice de notre pays, ouverte à la fois vers l’intérieur des terres et vers le large par son cordon ombilical, le fleuve Wouri, a accueilli notre parti peu après sa naissance, avec un enthousiasme qui reste gravé dans nos esprits ; elle l’a adopté et l’a présenté au peuple camerounais en disant : voici le nouveau-né sur qui nous étendons nos bénédictions, en qui nous mettons nos espoirs, et que nous offrons à la nation toute entière. Douala doit rester le lieu où le MRC puise ses forces ; elle doit rester le fief de notre parti.

Cela étant dit, je voudrais féliciter chaleureusement les Amis politiques du Littoral 1, avec en tête le Secrétaire de la Fédération régionale, Monsieur Christian MASSOMA, d’une part, pour le déroulement pacifique des récentes élections internes du parti dans leur région ; d’autre part, pour leur efficacité dans les démarches qui permettent à cette cérémonie publique de se tenir dans la sérénité de la légalité, en dépit de quelques difficultés administratives qui ne manquent jamais lorsqu’il s’agit de notre parti.

Je voudrais féliciter en outre, très chaleureusement, au nom du Directoire du MRC, toutes les équipes nouvellement élues, des bureaux des Unités au bureau régional, en passant par les bureaux communaux et départementaux. J’adresse toute ma sympathie et mes encouragements aux camardes des listes qui n’ont pas connu le succès cette fois-ci ; qu’ils sachent qu’ils ne sont pas moins méritants, et que le parti compte pleinement sur eux comme sur ceux qui l’ont emporté pour être toujours plus fort et prêt pour engranger les victoire futures.

Car, n’oubliez pas mes chers Amis, le parti n’est pas la propriété de ceux qui ont gagné les élections. Les vainqueurs doivent savoir rassembler, être des animateurs ouverts, tolérants, à l’écoute de tous les militants. C’est pourquoi j’engage tous les responsables des organes de base élus à ouvrir grands leurs bras aux Amis politiques dont les listes de candidatures ont perdu le scrutin à l’issue de la compétition électorale. Le Directoire de notre parti y attache le plus grand prix.

Je saisis cette occasion pour rappeler ce que j’ai dit ailleurs : le fait d’occuper tel ou tel poste au sein d’un organe de base du parti ne donne pas automatiquement le droit d’être le candidat du parti à telle ou telle élection étatique ; les investitures de nos candidats se feront par des instances désignées à cette fin par le parti, en fonction de la capacité des uns et des autres à nous ramener la victoire. Car quels que soient ceux qui gagneront, c’est le parti tout entier et chacun de ses militants qui auront gagné.

Le renouvellement des organes de base est l’occasion d’un nouveau départ de notre parti dans cette Région politique, dans la confiance et le respect mutuel entre militants, membres de la grande famille MRC. Vous devez développer plus que par le passé l’implantation de notre parti dans tous les coins et recoins du Littoral 1, y compris à Manoka, et dans toutes les couches de la population. Vous devez travailler de concert avec ELECAM pour impulser une nouvelle dynamique d’inscriptions massives des populations sur les listes électorales. Le changement dans la paix et par les urnes est l’option intangible de notre parti. Or on ne peut changer par les urnes qu’en étant électeur. A travers le vote, c’est chaque citoyen camerounais en âge de voter qui détient le pouvoir de changement. Ce ne peut être l’affaire d’une seule personne, quelle que soit sa détermination et sa confiance dans notre victoire finale.

Je ne savais pas qu’en disant à Nkongsamba qu’en 2025 (ou avant), le MRC ira aux élections, à toutes les élections, pour réaliser avec toutes les forces du progrès et de la résistance nationale le changement que les Camerounais appellent de tous leurs vœux, j’étais entrain de faire une révélation, ou de dévoiler un secret. Nous avons suivi avec étonnement et amusement l’agitation que cette déclaration a provoqué dans la sphère politique camerounaise. Quand, à Bafoussam, j’ai demandé aux militants et sympathisants du MRC et à tous les Camerounais en âge de voter d’aller s’inscrire massivement sur les listes électorales, ils croyaient que c’était pour qu’on aille à la pêche ? Oui, je le répète, le MRC prendra part à toutes les scrutins à venir dans notre pays. Désolé de décevoir la folle espérance de certains.

Année après année le Cameroun recule par rapport à notre ambition légitime de développement et de progrès partagé, et l’écrasante majorité des Camerounais s’enfonce dans la désespérance. Le peuple s’enflamme pour des futilités telles que les distractions sportives, se noie dans l’alcool ou se réfugie dans la prière. Oui il faut prier. Mais prier sans rien faire, sans prendre ses responsabilités de citoyens en particulier à l’occasion des élections est vain. La prière aide seulement ceux qui agissent.

La prière n’est pas et ne peut pas être un instrument de politique économique. Un gouvernement qui s’en remet à la prière pour faire baisser les prix sur le marché et faire face à la vie chère, bref pour résoudre les problèmes économiques et sociaux du pays, avoue son impuissance et son incompétence, et devrait logiquement démissionner, sans attendre qu’on le lui demande. On veut installer notre pays dans l’idolâtrie et la mentalité prélogique et magico-religieuse. Est-ce cela le Cameroun que nous voulons léguer à la jeunesse de ce pays ? Quand on relève cette incongruité qui fait la risée de notre pays à l’étranger, les prédicateurs de la haine se déchainent. Mais nous ne devons pas laisser qu’ils humilient ainsi notre pays éternellement. Il faudra mettre un terme à cette dérive à l’occasion des élections à venir.

Ce sont d’ailleurs les mêmes personnes qui soufflent sur les braises et refusent la recherche d’une solution politique au conflit armé qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis 5 ans. Alors je pose la question : qui a peur du retour à la paix au Cameroun ?

Toutes les grandes religions présentes dans notre pays se disent religions de paix :

- « La paix soit avec vous. Je vous donne ma paix, je vous laisse la paix », dit le message chrétien.

- « Salam alekum » sont les premières paroles que prononce tout musulman lorsqu’il croise une autre personne, musulmane ou non.

Pourquoi donc ces forces religieuses et sociales ne prennent-elles pas une position commune claire contre la poursuite des tueries entre filles et fils d’une même nation, le Cameroun ?

Pourquoi les autorités traditionnelles de toutes les régions du pays ne peuvent-elles pas interpeler le pouvoir en place afin qu’il mette un terme à ce désastre humain, politique et économique ?

Pourquoi sommes-nous si indifférents à l’injustice qui frappe nos concitoyens, au point où le Barreau au Cameroun, trahissant les valeurs cardinales de la profession d’avocat, ne s’est jamais mobilisé pour exprimer ne serait-ce qu’un soutien verbal à des concitoyens arrêtés arbitrairement, jugés illégalement par des tribunaux militaires et jetés en prison pour des peines ahurissantes ?

Il est temps que des voix importantes, restées silencieuses jusqu’à présent se fassent entendre dans notre pays. C’est notre avenir commun qui est en jeu.

Chaque militant du MRC doit avoir des convictions en acier trempé et un moral inoxydable, car les attaques, mensonges, calomnies et injures de toutes sortes vont se multiplier et gagner en intensité à mesure que nous nous rapprocherons de la période cruciale des élections. Elles ne viendront pas toujours d’où l’on croit. Vous en avez eu un petit avant-goût ces dernières semaines. Soyez donc préparés psychologiquement.

Au moment même où nous sommes ici réunis, soixante-deux (62) de nos militants et sympathisants restent des Otages politiques du régime, enfermés dans les prisons de Yaoundé et de Douala, condamnés illégalement à des peines de prison ferme allant pour certains jusqu’à 7 ans. Vous avez suivi la dernière audience de la Cour d’appel du Centre à Yaoundé et les décisions qui ont été rendu à cette occasion. Bien évidemment, je me garderai de commenter ces décisions de justice. Cependant on peut constater, s’il y avait encore le moindre doute, qu’il s’agit bel et bien d’une justice politique, nourrie par une haine inexplicable qui se veut implacable, au point de condamner des citoyens camerounais qui clament leur innocence et de tout mettre en œuvre afin qu’ils ne puissent pas prouver cette innocence.

En votre nom, j’adresse à chacun de ces Amis politiques toujours Otages du régime notre message de soutien indéfectible, de solidarité et de compassion dans l’épreuve qu’ils endurent dans la dignité.

Vingt-huit de nos prisonniers politiques sont sortis de captivité au cours du mois de septembre. Ils n’ont pas été libérés par le régime ; ils sont sortis parce qu’ils ont purgé entièrement leur peine d’emprisonnement ferme de deux ans. Le Directoire du parti les a reçu le mercredi, 05 octobre. Ils sont globalement en bonne santé pour la plupart ; ils ont surtout un moral plus haut que jamais. Ceux qui n’étaient que des sympathisants en entrant en prison sont désormais des militants. Ils ont compris le sens de notre lutte commune ; ils en ont pris la plein mesure.

Le grand navire de la Renaissance garde son cap, imperturbable, même dans une mer agitée.

Grâce à vous, à notre sacrifice collectif pour notre pays, à notre amour sans borne pour notre peuple, à notre capacité à convaincre et à mobiliser nos compatriotes autour de notre doctrine du CHANGEMENT DANS LA PAIX ET PAR LES URNES, nous arriverons inéluctablement à bon port.

Si nous vivons cette période de grande confusion qui règne sur la scène politique camerounaise, c’est parce que le temps approche. Quelles que soient les manœuvres qui se feront, 2025, ou avant, sera un tournant politique historique pour le Cameroun. Notre peuple sera appelé à livrer la mère des batailles politiques dans notre pays. Peu importe ceux qui seront candidats ou ne seront pas. Vous devez vous préparer afin que quels que soient les adversaires, les candidats investis par notre parti, je veux dire vos candidats sortent vainqueurs des scrutins à venir. Tel est notre défi. Vous devez surtout être prêts dès à présent, pour ne pas être surpris par quelque manœuvre que ce soit. Que ce soit en 2023 ou en 2024 ou à n’importe quel moment, vous devez être prêts. La proie ne saurait échapper à un lion affamé qui la guette depuis un long moment.

Maintenant, JE DECLARE INSTALLE LE BUREAU DE LA FEDERATION REGIONALE DU MRC DANS LA REGION DU LITTORAL 1, sous l’autorité du Secrétaire de la Fédération régionale, M. MASSOMA Christian.

Je vous aime.

Rentrez dans la PAIX !

Que Dieu bénisse le Cameroun