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Cameroun : Le Prof Vincent-Sosthène Fouda plaide pour les Etats Généraux du vivre ensemble

Prof Vincent-Sosthène Fouda

L’homme politique et religieux, le Prof Vincent-Sosthène Fouda demande des États généraux du vivre-ensemble au Cameroun pour refonder la République et l’État-nation

Lire l’intégralité de sa correspondance

Crise économique et sociale, crise de confiance, crise identitaire, déliquescence de la politique, crise du « Vivre ensemble ». Bref, la situation est facile à résumer : près de 20 millions de Cameroun vivent dans une forme de relégation voire parfois, d’amnésie de la Nation réveillée de temps à autres par quelques faits divers ; un effort gouvernemental en berne ; des corps intermédiaires presqu’inexistants, quelques associations qui se battent sans malheureusement plus de visibilité, le peuple craque et a déjà jeté l’éponge, épuisé par les promesses non tenues.

Les causes sont connues : une impossibilité de lier la parole à l’acte, la politique depuis 30 ans se résume au Cameroun à l’art de mentir et non d’agir et de rechercher des solutions, de proposer des sorties de crises, de se projeter en avant, ceux qui nous gouvernent sont enfermés sur eux-mêmes et enclavés dans un monde artificiel qu’ils se sont crées à la sueur du travail de l’immense majorité des camerounais, qui vivent dans la misère et ont perdu toute notion d’espoir.

Nous sommes passés d’une société pauvre à une société de misère sans une once d’espérance, qu’un lendemain meilleur pointe son nez au rendez-vous citoyen. Comprendre, échanger, proposer, c’est ce que nous proposons aujourd’hui alors que la guerre atteint le seuil de l’inacceptable dans les deux régions anglophones du Cameroun où les citoyens d’un même pays se livrent une guerre sans merci avec des positions qui semblent irréconciliables.

Nous demandons des États généraux du vivre-ensemble dans notre pays pour refonder la République et l’État-nation. Le Cameroun est une société idéologiquement muette, cependant, qui secrète dans son espace public des métastases d’impossibilité relationnelle nécessaire au vivre-ensemble entre 256 tribus qui constituent le « nous-commun » qu’est le Cameroun. Ces métastases sont à fois à chercher dans le discours véhiculé dans les médias à la grande-messe dominicale des médias télévisuels, dans les radios, parfois dans la presse écrite et aujourd’hui dans la dictature du « tout venant » des réseaux sociaux.

Elles sont aussi à identifier dans la structuration de l’appareil étatique, dans sa hiérarchisation à la fois des normes, des valeurs et de promotion du personnel. Ces métastases mises bout à bout forgent une idéologie qui dissipe le vivre-ensemble, lui donne un caractère tribal au détriment des conflits générationnels, politiques, le déséquilibre des revenus, la masse des pauvres asphyxiée par la minorité bourgeoise et cleptomane.

Le politique camerounais n’a pas uniquement forgé une société muette, il l’a voulu aussi fermée. Or toute société fermée est une société qui conçoit l’idéologie dominante, matériellement par exemple, comme naturellement justifiée et légitime selon les mots du philosophe slovaque Slavoj Zizek1. Ce type de société ne peut donc que être une dictature.

Les politiques camerounais, dans leur volonté constante d’assujettir leur peuple ont bâti ce que Zizek appelle les objets sublimes de l’idéologie. Les ethnies s’accusent donc ainsi les unes les autres, afin de maintenir chacune pour elle-même une vision fantastique d’elle-même et de son terroir qui aurait été parfait sans les autres ethnies. De la même manière, on peut maintenir la vision de la possibilité d’un Cameroun parfait si l’on considère les problèmes sociétaux et culturels auxquels le pays fait face aujourd’hui comme le résultat du fait d’avoir à sa tête non pas un président camerounais mais d’un homme appartenant à une ethnie bien précise.

Autrement dit, le surgissement de l’autre dans la construction du nous-commun, a été construit comme une menace, alors que dans la réalité, l’autre fait parti du Cameroun comme vous et moi mais le désigner alors n’est qu’un symptôme d’une crise immanente du système gouvernant et ce depuis une trentaine d’années au Cameroun. dans L’Identité malheureuse

L’Identité malheureuse, je tire cette expression chez Alain Finkielkraut dans un essai publié à l’automne 2013 et dans lequel le philosophe traite de la crise du vivre-ensemble et de l’intégration en France. Cette expression et ce vers quoi elle nous renvoi, est transposable au Cameroun à la seule différence que le Cameroun n’est pas une société multiculturelle.

Il est une société culturellement une mais donc l’effacement de la mémoire par l’élite politique et intellectuelle tend à créer un fossé de communication entre les peuples qui ne peuvent que s’exprimer dans le même espace public construit dès 1840 par le pasteur Jamaïcain Joseph Merrick père de l’école camerounaise moderne. L’élite intellectuelle proche ou inféodée au pouvoir et dans laquelle l’on retrouve des hommes de toutes les régions du Cameroun, de toutes les tribus et ethnies a une aversion croissante pour l’héritage culturel du Cameroun, d’où son effort d’effacement de la mémoire ce qui contribue à déconstruire l’idée et la pratique d’une culture camerounaise et crée donc une intolérance des ethnies les unes contre les autres. cette crise apparente amplifiée par certains travaux universitaires comme ceux de Jean-Louis Dongmo2 amplifiés par des idéologues de la déconstruction du nous-commun dont le but est de contrôle le pouvoir central ont été rejoint par les invités du dimanche comme le politologue Mathias Eric Owona Nguini ou par l’écrivain Alain Patrice Nganang et qui font croire aux camerounais qu’il y a que deux ethnies au Cameroun : les bamiléké et les beti.

Résultat des courses, le Cameroun dans son ensemble ferme les yeux depuis 3 déjà déjà au conflit qui oppose les Camerounais des deux régions anglophones du Cameroun aux tenants du pouvoir central et dont l’origine est pourtant la quête du vivre ensemble.

Voilà la raison pour laquelle aujourd’hui, nous appelons aux états généraux du vivre-ensemble et le plus rapidement sera le mieux.