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Cameroun: "LE TRIBALISME REND IDIOTS LES GÉNOCIDAIRES DE VISION 4 MILLE COLLINES" Laziz Nchare

Pourquoi le tribalisme nous rend stupides et si idiots au Cameroun? Je ne vais point tourner autour du pot, « le piège tribal » c’est à dire « le chauvinisme ethnique est un véritable suicide collectif au Cameroun de Paul Biya, ce qui n’est pas d’ailleurs un cas isolé en Afrique, c’est un euphémisme.

Je suis juste abasourdi et même très remonté contre ce phénomène et je veux m’exprimer de manière candide à ce fléau sans épargner personne. Après plus de 58 ans d’indépendance, les textes qui sont produits par nos universitaires de la galaxie RDPC, ce que le feu Charles Ateba Eyene qualifiait de « pays organisateur » le confortent sur l’idée du danger de la « rwandisation » du Cameroun à la veille de la fin effective du régime Biya.

J’aurais pensé que ces problèmes étaient moins prégnants aujourd’hui, mais que non. Les populations de Yaoundé et de Douala sont en réalité un melting pot, donc par conséquent un mélange quasiment homogène de toutes les ethnies du Cameroun, et le semble de ce fait un sujet d’étude très intéressant. Stigmatiser les tontines comme l’a naïvement fait Owona Nguini me semble être la preuve d’une grossière myopie analytique dans la mesure où la tontine est un système économique typiquement Africain qui a toujours servi de facteur de rassemblement dans nos grandes villes.

A ce titre, les tontines même à caractère tribal rassemblent plutôt les Camerounais sans les diviser. Généralement, même les tontines communautaires rassemblent les membres d’autres ethnies sans toutefois créer une forme de discrimination quelconque. Pourquoi le tribalisme nous rend stupides? Je vais commencer par vous évoquer un paradoxe. Depuis que je fais mes analyses sur les réseaux sociaux, jamais je n’ai sollicité un seul journaliste pour reprendre mes textes. Mais un jour, le journaliste de renom J. Rémy Ngono m’a interpellé sur un de mes textes et tenait à le rendre public, et je n’ai pas hésité de lui donner mon accord.

J’étais d’abord très touché par son geste d’humilité parce déjà nous ne nous connaissions pas, même comme j’avais beaucoup entendu parlé de lui en 1998 sur ses émissions « Coup Franc » dans la ville de Yaoundé. C’est d’ailleurs cette émission qui l’a poussé en exil. Je veux en passant le remercier pour son combat, parce que c’est un courage de « prométhée » d’être Beti au Cameroun et se lever contre les barons du régime RDPC.

Le tribalisme est un véritable cancer pour l’évolution harmonieuse d’un pays jeune comme le Cameroun. J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les polémiques entre Njoya Moussa et Cabral Libii, ensuite les invectives d’Owona Nguini contre Maurice Kamto, et même une sortie suicidaire d’Ernest Obama qui s’érige en imprésario de Vision 4 d’Amougou Belinga , où le Beti Power est entrain d’exposer la hideur nauséabonde du chauvinisme ethnique qui nous empêche de faire preuve d’empathie, c’est-à-dire de pouvoir nous mettre à la place des autres et de voir les choses de leur point de vue.

Cette question de perspective, d’angle de vue et même d’empathie est cruciale. Car, c’est cela qui désamorce bien des tensions, des non-dits délétères et des clashs entre groupes ethniques en se mettant à la place d’autrui, et en le considérant, valablement, ses craintes et ses peurs comme un être humain au même titre que soi-même! Ne l’oublions jamais, si Ahidjo, un nordiste n’avait pas démissionné pour remettre le pouvoir à Paul Biya, un sudiste de la minorité Bulu, les Beti ne seraient point arrivés au pouvoir.

Bref, mon analyse du « piège tribal » est un cri lancé à tous les Camerounais sans distinction afin de nous inviter de faire passer le repli identitaire au cercle restrictif de notre clan ou ethnie, voire de notre famille élargie à celui de l’homme universel, de « l’afropolitain » pour paraphraser Achile Mbembe, ou tout simplement arriver à l’homme en tant qu’un tout et une unité qui accepte et honore les valeurs de la diversité ethnique qui constituent une richesse indescriptible pour le Cameroun. Nous nous plaisons à nous décrire comme une « Afrique en miniature », mais nous regardons en chiens de faïence.

Si non, pourquoi la convention du MRC est venue rendre le clan Beti incontrôlable pour ériger le professeur Kamto au Panthéon du chef d’une tontine Bamileke là où il aspire juste diriger le Cameroun comme tous les autres Camerounais?Au Cameroun, on devrait offrir un poste à un tel non pas parce qu’il est de telle ou telle ethnie, parce qu’il est loyal à Paul Biya et le RDPC, mais parce qu’il répond à des critères d’excellence et de compétence qui lui donnent une distinction méritée pour servir la nation. Pourquoi le tribalisme est pire que le racisme? Je veux commencer par une petite anecdote.

Lorsque j’obtiens le BAC en 1998 au lycée de Malantouen, mon père étant un militant convaincu de L’UDC voulait que j’aille étudier au Maroc pour ne pas subir dit -il « le tribalisme des gens du RDPC à Yaoundé ». Mon premier réflexe face à cette appréhension était de lui suggérer de rencontrer le Dr Adamou Ndam Njoya pour avoir ses conseils. Nous arrivâmes à Yaoundé le 9 septembre 1998 et rencontrâmes le leader de L’UDC le jour suivant.

Après les présentations, mon père prit la parole pour exprimer son désir de me faire poursuivre mes études au Maroc. Et grande a été ma surprise lorsque le leader de L’UDC refusa catégoriquement que l’on m’envoie au Maroc. Je vous livre le résumé de son explication: « Pourquoi le Maroc? Va inscrire l’enfant à l’Université de Yaoundé I, à 18 ans, il est encore très jeune pour aller à l’étranger. Si ce garçon s’en sort à Yaoundé I, il s’en sortira partout.

L’avantage de le laisser étudier sur place à Yaoundé est qu’il en profitera de cela pour nouer des relations d’amitié et de camaraderie avec les Camerounais de diverses origines. Cela lui fera beaucoup de bien dans l’avenir » Sur ces mots, mon père décida de m’inscrire à Yaoundé I où j’obtiens un DEA de linguistique sous la direction d’un professeur Beti et le chef de département lui aussi était Beti. C’est la plus grande ironie dans ma formation universitaire. Mon père craignait le « tribalisme Beti à Yaoundé », mais au finish, ce sont les Beti qui furent mes encadreurs et mes parrains tous étant du RDPC.

Je l’affirme solennellement et droit dans mes bottes, les Camerounais ne peuvent point s’offusquer du racisme et de la négrophobie contre les occidentaux et en même temps valider les préjugés ethniques (comme celui de mon propre père). Cette expérience m’a appris à faire la part des choses! La deuxième ironie est que lorsque je caractérise le Dr Adamou Ndam Njoya comme mon mentor, ce sont les Bamum et non les Camerounais d’autres ethnies qui me couvrent d’insultes sous prétexte qu’il est « opposant » et qu’il est à l’origine des troubles à Foumban! Or il a juste la ferme conviction des valeurs républicaines qui passent l’État avant toute autre considération clanique. On ne peut pas aspirer à bâtir une nation Camerounaise digne de ce nom sans tenir compte de l’imprégnation sociale, du poids historico-culturel, des contextes en faisant un maximum d’effort pour faire la part des choses, sinon, on devient tout simplement le pauvre leader de son clan. Le fédéralisme a les vrais ingrédients pour ramener une paix durable au Cameroun.

Le symbole de l’État nigerian c’est la kola. Le Cameroun peut s’organiser en regions pour former des grands sous -ensembles cohérents qui se gèrent de manière autonome sans qu’il n’y ait des guerres inter ethniques pour contrôler le budget de l’État fortement centralisé à Yaoundé. On peut donc espérer de nos pouvoirs publics d’apprendre à rester cohérents et de se pencher sincèrement sur la forme de l’État qui tienne compte de la structure sociologique de tout le Cameroun.

On ne doit plus continuer à valider le tribalisme et se plaindre paradoxalement de la négrophobie: cette hypocrisie se décline dans la discipline de la double éthique comme « la fausse logique ». C’est ça qui consacre notre stupidité collective. Toute forme d’arrogance, de haine, et de chauvinisme ethnique est suicidaire d’abord pour soi-même et pour les autres membres d’autres groupes ethniques, c’est ça qui déclenche des guerres inter ethniques d’une proportion incontrôlable.

Au lieu de se battre entre nous, il est grand temps de déclarer la guerre ouverte contre les véritables sangsues du « chauvinisme ethnique »! Oui, je suis « Bamum et fier de l’être »! Mais jamais je ne compte défendre un seul Bamum contre un autre Camerounais non Bamum si ce dernier a commis un tort aux autres compatriotes Camerounais. Oui je me battrais aussi comme un lion pour défendre les droits du dernier Bamum s’il est injustement victime d’un abus de pouvoir de la part d’un compatriote non Bamum.

Bien évidement je vais avoir la conscience libre de militer pour un parti avec lequel je suis très à l’aise de par la nature de son idéologie et le nationalisme de son leader! L’exacerbation du « Problème Camerounais » est née de la crise anglophone niée par l’élite bourgeoise proche du clan Beti qui contrôle le pouvoir au Cameroun.

Le problème anglophone a été toujours réel et persiste, en gros, parce que les élites camerounaises dans leur incompétence ont voulu vendre « le Cameroun un et indivisible » très cher au président de la république. Dans leur logique de confiscation perpétuelle du pouvoir, les barons et les universitaires proches du RDPC ont eu un grand intérêt à ce que tous les Francophones intègrent cette « pseudo-guerre à mort contre les anglophones » passés pour des « sécessionnistes », « séparatistes » et puis « terroristes qui égorgent nos vaillants soldats »! C’est pourtant une stratégie du diviser pour mieux régner, tant que le peuple (les peuples) se bat contre lui-même, il ne réalise pas que sa misère s’inscrit dans la globalité objective, collective et implacable.

La malgouvernance, la corruption, les détournements des fonds publics, le clientélisme sont des crimes commis par nos dirigeants recrutés certes parmi les ressortissants de chaque ethnie, mais dont le leadership est contrôlé par le clan Beti qui oriente toute la politique du régime RDPC. Ce sont les gens proches du clan Beti qui sont en majorité envoyés en prison pour détournements de fonds publics. Ce qui ne veut pas dire que tous les Betis sont des voleurs.

Neanmoins, si une de vos dents est pourrie, on dira en Afrique que toutes vos dents sont pourries. Le plus cocasse dans l’impasse politique au Cameroun, c’est que les élites politiques tribales actuelles qui sont au pouvoir jouent exactement le même jeu que les colons Français et Anglais avant eux.

Rappelons que ces colons, après les indépendances, de manière quasi-systématique, ont préféré installer à la tête de nos pays nouvellement indépendants, leurs fantoches issues des communautés les moins bien loties, les moins développées et structurées politiquement pour dominer de manière ostentatoire les autres communautés, ce qui avait pour pour objectif stratégique d’abaisser le niveau de conscience des nouvelles bourgeoisies régnantes et de supprimer toute vision nationaliste à long terme et de les réduire au strict consumérisme parasitaire, à la gabegie, à la dilapidation et au bradage des ressources naturelles pour le plus grand plaisir des faucons occidentaux qui n’ont pas hésité de décapiter tous les vrais leaders nationalistes.

Les Um Nyobe, Félix Moumie, Osende Afana, Ernest Ouandjie et bien d’autres nationalistes Camerounais ont été massacrés par la France pour installer des marionnettes comme Ahidjo. Cette funeste stratégie a aussi eu pour effet de réduire la capacité de rébellion des néo-colonisés dirigeant le pays.

Car, plus on est servile à la France comme c’est le cas de Biya, plus on est soumis et malléable pour l’ancienne puissance colonisatrice. C’est dans celle logique qu’il faut inscrire la promptitude du régime Biya à massacrer la population à chaque manifestation pacifique. Quand le régime est soi-même illégitime et qu’on croit que le pays est un champ d’ignames qu’on ne doit jamais céder à personne, considérant les autres ethnies, certaines plus que d’autres, comme ennemis mortels, on récolte la guerre civile dangereuse qui se pointe à l’horizon. « Diviser pour mieux régner » devient par conséquent une formule magique qui continue de faire ses preuves au Cameroun, c’est le cas de le dire et de le dénoncer! Et pour mieux semer et alimenter la division au sein de l’État camerounais, les influences extérieures de la France continuent de s’appuyer sur nos lignes de fracture, donc sur les tensions ethniques.

Ce qui permet d’abandonner le pouvoir à vie au régime RDPC en fragilisant au passage toutes les formations politiques proches de l’opposition. Il est temps de nous réveiller comme peuple et dire non au « tribalisme » et surtout de résister à toute tentation de repli identitaire. Voilà pourquoi je dénonce le discours haineux et dangereux des universitaires proches du RDPC. Ils se doivent de cesser leur cynisme sur nos plateaux de télévision. Un autre Cameroun ne sera possible que si nous sortons de nos carcans du « chauvinisme ethnique ».

 

Laziz Nchare