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Cameroun- Pr René Joly Assako Assako : L’académicien qui nous vient de la Vallée du Ntem

Pr René Joly Assako Assako

Le Pr René Joly Assako Assako est de ceux qui administrent la preuve de ce que la science ne s'embarrasse ni de la tribalité, ni de la classe sociale, ni même de l'âge. Elle est simplement la quête de la vérité.

En effet, voilà un digne fils de paysans Ntoumou, du fin du fin fond du Département de la Vallée du Ntem, Région du Sud, qui a gravi tous les échelons universitaires, au point d'intégrer, depuis plus de 10 ans, le cercle sélecte et étriqué des immortels de l'Académie des Sciences du Cameroun, concomitamment à moult autres lauriers. Il affiche une activité scientifique et pédagogique débordante, par la dispensation des enseignements, l'encadrement des doctorants et autres jeunes chercheurs, l'organisation de séminaires internationaux et une production scientifique remarquable.

À ce jour, il a enrichi le vocabulaire scientifique de deux inflexions paradigmatiques et épistémologiques majeures, à savoir la géographie transcendante et la Rhomboscopie existentielle, toutes deux développées dans les livres éponymes respectifs.

Et quand on lui demande les tenants de tous ces bouillonnements scientifiques, heuristiques et éditoriaux, l'Académicien nous renvoie à l'épilogue de son dixième livre qui traite de la Rhomboscopie existentielle et où il est écrit : "En première approche, il apparaissait que j’écrivais pour être lu, c’est-à-dire pour contenter le lecteur. Une approche commerciale voire mercantiliste, où l’écrivain, en position de vendeur, s’efforce à offrir au lecteur, en situation de client, une marchandise qui satisfasse ses attentes. Mais en réalité et dans cette optique, écrire c’est aller en consultation chez le lecteur, pour lui présenter la longue étendue et la trop grande profondeur de mon ignorance ou, au meilleur des cas, de mon impertinence. En patient conscient, j’ai confiance en sa science. Je suis dans l’espérance que la lecture critique, en bistouri implacable et imparable, aura raison de mon agnosie, qu’elle extirpera du fond de mon orgueil infondé. La situation la plus enviable est celle d’une oligognosie, qui ne requiert que des ajustements sapientiaux vivifiants.

Dans une deuxième détente, je prends en réalité le lecteur comme l’officiant d’un rite initiatique auquel je suis soumis ; le porteur du feu sacré par lequel je dois passer pour ma purification ; l’examinateur d’une épreuve qualifiante à laquelle je suis soumis ; ou le pont par lequel je dois traverser l’abîme des finitudes pour rejoindre l’atemporalité de l’infini. Et c’est là qu’il apparaît que je n’écris pas pour le lecteur. Il ne saurait en être autrement lorsqu’on a l’éternité pour finalité et l’honneur pour objet. Mais je dis bien l’honneur et non les honneurs. Voilà pourquoi je chancelle à chaque mot, hésite et frémis à chaque phrase. Je suis donc à plaindre. L’œuvre de mes neurones, entrailles de mon esprit en quête incertaine et continuelle de maturité, est encore plus à plaindre. Car, comme succédanée ou précipité issus de moi, elle est sujette à plus d’imperfection et de subjectivité.

Oui, l’homme est si faible, si frêle et si poreux qu’il ne peut garantir, ni même approcher l’éternité que lui-même recherche éperdument. Seule l’œuvre de son esprit entrouvre les lueurs d’espérance. C’est une absurdité vivifiante et établie en but (c’est-à-dire en cible), que le construit de l’homme le surpasse en puissance et en longévité. Ainsi avons-nous, des millénaires plus tard, des écrits hiéroglyphiques et des pyramides réalisés par des paléo-négro-égyptiens dont l’espérance de vie effleurait à peine les 50 ans. Il en est de même, plus près de nous, des symphonies de Wolfgang Amadeus Mozart ou Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart (1756-1791) et de Ludwig van Beethoven (1770-1827). Elles sont en train de traverser des siècles, après avoir été composées par de braves gens n’ayant respectivement passé que 35 et 57 ans de vie sur terre.

Et que dire de tous ces savants antiques dont les œuvres ont abreuvé et inspiré leurs contemporains, nos lointains ascendants, autant qu’elles le font à nous-mêmes et le feront à nos proches et lointains descendants, alors qu’aucun d’eux n’aura approché un siècle d’existence ? Ils surpassent en reconnaissance de leurs semblables, citoyens du monde, les politiques (jusqu’aux hommes d’État), les grosses fortunes et les magnats de toutes sortes. En effet, plus personne ne sait rien de leur existence, alors qu’ils ont vécu en Grèce au 5ème siècle avant J.C., en même temps que Socrate, Platon ou Pythagore. Il en va de même, en France, des contemporains du mathématicien, physicien et philosophe René Descartes (1596-1650), du poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique Victor Hugo (1802-1885), du philosophe Jean-Paul Charles Aymard Sartre (1905-1980), du philosophe écrivain François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), du poète Arthur Rimbaud (1854-1891), de François Rabelais, alias Alcofribas Nasier, alias Séraphin Calobarsy (1483-1553). Aucune différence avec ceux qui, en Suisse, ont partagé le quotidien de l’écrivain philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) , celui du philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), du physicien théoricien et philosophe Albert Einstein (1879-1955), du philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900) ou du physicien, mathématicien, philosophe, alchimiste, astronome et théologien anglais, puis britannique Isaac Newton (1643-1727), etc.

Presque partout dans le monde, on en sait assez sur tous ces grands esprits des arts, de sciences exactes, sociales et littéraires. On ne peut, a contrario, en dire autant des autres. Leur souvenir est du ressort de l’élite, le cas échéant.

D’expérience, j’ai acquis la conviction de la faiblesse et de l’incertitude, voire de l’évanescence de l’existence, au point où il me semble à présent que la meilleure manière de vivre, c’est-à-dire d’attendre la mort de la matière en joie, consiste à produire des œuvres d’esprit. Ce faisant, je relativise, voire banalise la mort et la disparition programmée et inévitable de ma chair et de mes os. Voilà, in fine, la mission pour l’accomplissement de laquelle je tiens l’écriture pour outil précieux, car elle permet ce s’immortaliser. C’est donc à juste titre que le célèbre écrivain français André Malraux (1901-1976) a pu dire que l’art est un anti-destin .

Ce sont là les échos du Ngoun, sanctuaire du clan Mibomane-Yézoum-Yésok sis à Biyi-Akoum-Esejé’é, village que j’ai fondé en 2008. De là où je me trouve, je me dispose à quitter la vie le sourire à l’âme, à défaut de l’avoir aux lèvres, avec, de toute façon l’assurance de l’accueil chaleureux de mes mânes. Je n’écris donc pas. Je creuse mon sillon. Je façonne la trace de mon passage sur terre.". Magister dixit. Plus rien à ajouter.

 

 

Herve Narcisse Yemdji