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Cameroun - Yingui : Les jeunes fuient « la mauvaise vie »

Le très mauvais état de la route, l’absence d’eau et d’électricité ont poussé les jeunes de ce canton situé dans le département du Nkam à l’exode rural.

Partis de Douala, la route qui s’étale entre Pk21 et Bonépouba est quelque peu praticable. Il faut encore rouler quelques minutes avant de prendre un embranchement à droite pour se rendre à Yingui, dans le département du Nkam. Ici, une piste étroite et impraticable serpente au milieu de la forêt. Il vaut mieux disposer d’un véhicule 4X4 pour affronter cette route en latérite. La poussière qui constitue un réel obstacle à la visibilité du conducteur s’ajoute au mauvais état de la route meublée de mini ravins, de nids d’éléphants et ponts en bois. Les secousses sont au rendez-vous. Il faut bien s’agripper et être patient.

Les voitures basses ne peuvent courir le risque de s’aventurer sur cette voie, où il est impossible d’effectuer un dépassement ou un croisement. Au bout de deux heures de voyage périlleux, Ndokmem-Sud dans le canton Yingui, s’offre aux visiteurs. Le long du parcours, juste quelques rares toits de maisons ont été aperçus, après plusieurs kilomètres. À Ndokmem-Sud, le visage n’est non plus reluisant. En face de la chefferie traditionnelle, quelques tombes sont bien plus en nombre que des bâtisses dans le coin. « Il y a des maisons au centre-ville. Mais j’ai dû payer la course à moto à 1000 F. Cfa pour un aller-retour », fait remarquer Janvier, un visiteur qui arrive à Yingui pour la première fois ce samedi 13 février 2021. Un prix de transport si élevé à cause du mauvais état de la route. Armand Mbiena, une élite de Yingui, indique qu’à côté de cet épineux problème de la route impraticable, l’arrondissement souffre du manque d’eau, d’électricité, du chômage.

Toute chose qui pousse les jeunes à l’exode rural vers les villes de Douala et de Yaoundé. Nombreux d’entre eux ont dû fuir le village aussi à cause des pratiques de sorcellerie, apprend-on. « Il faut tourner le dos à la sorcellerie et revenir aux sources, pas seulement quand il y a des deuils », exhorte Armand Mbiena.

Le maire de la forêt

Les élites du village peinent à convaincre les populations à opérer ce retour aux sources. Face à une vingtaine d’élites du village samedi, Charles Eyobo Mbonjo, le sous-préfet de Yingui s’est prêté à un petit sondage. Il n’était visiblement pas surpris des résultats. À peine une personne sur 20 a levé la main pour attester de ce qu’elle possède une maison à Yingui. Aucune élite n’a pu lever le bout du doigt pour indiquer qu’elle était propriétaire d’une plantation dans le village. L’autorité administrative a déploré le fait que ces élites du village qui se trouvent actuellement en face de lui à l’occasion de la cérémonie d’installation et d’intronisation du nouveau chef de Ndokmem-Sud, résident tous à Douala et Yaoundé. « Après la cérémonie, vous allez tous démarrez vos véhicules et repartir. On vous attend au village. Ceux qui impulsent le développement ce sont les hommes », a déploré le « chef de terre » de Yingui. Un arrondissement qui s’étend sur 2000 Km2 pour une population estimée à 10 000 âmes, selon les chiffres de l’administration. « Les espaces sont vides, pourtant la terre est fertile. Je suis le maire de la forêt. Populations de Yingui, venez repeupler votre arrondissement », a lancé le maire de Yingui, dépité.

À Ndokmem-Sud, comme dans les autres coins de Yingui, l’appel au retour des populations aux sources est lancé. Le nouveau chef de Ndokmem- Sud installé et intronisé samedi 13 février 2021 est aussi inscrit dans cette mouvance. Sa Majesté Jacques Mbuny a d’ailleurs décidé comme mission prioritaire, de créer une nouvelle dynamique de développement dans le village Ndokmem-Sud. « Il faut que nous impulsions le développement de notre arrondissement. C’est mon meilleur challenge. Essayer de faire décoller mon village, parce que nous avons un problème. Notre arrondissement se dépeuple. Les gens sont à Douala, à Yaoundé, dans toute la République, mais le village a besoin de ses jeunes », a fait savoir le chef qui s’engage à essayer de faire changer la donne.

Source: Le Jour