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Christelle Nadia Fotso : « Le Patriarche Fotso a été enterré tel un homme sans enfant à cause de son parti »

Dans une lettre ouverte, adressée à l’homme d’affaires français Pierre Castel, la fille du défunt milliardaire estime que son défunt père n’a eu les obsèques mérités.

Ci-dessous l’intégralité de sa lettre ouverte :

LETTRE OUVERTE À PIERRE CASTE

Cher Monsieur Castel,

Je vous écris cette lettre que je rends publique pour un hommage mérité de votre vivant en vous priant de nous faire l’honneur de vivre encore longtemps. Vous avez été le seul à entendre une mère qui crie à tue-tête depuis trop longtemps pour dénoncer le viol et le vol de son enfant. Vous, le Français d’origine espagnole qui n’est pour beaucoup trop d’Africains qu’un ancien colon ultra-libéral, avait été le plus humaniste, le plus grand, le plus Fotso de tous !

Monsieur Castel, vous étiez le dernier ami de Fotso Victor. Votre relation commencée avant l’indépendance du Cameroun a duré une vie. Vous partagiez des valeurs qui vous ont portés de rien au sommet : le travail, l’excellence, la loyauté et la compassion. Ni vous ni lui n’était que des hommes d’argent. Vous fûtes avec le Dernier Bamiléké, plus Bandjoun que les Bandjouns, plus Bamiléké que les Bamilékés, plus camerounais que les Camerounais, plus africain que les Africains et plus gaulois et gaulliste que les Français de souche. Nous nous sommes rencontrés en 2016. J’étais déjà une mère qui se battait pour son enfant bien que très malade et diminuée.

Je pressentais la fin massacrante en voyant ce que trop voyaient et faisaient semblant de ne pas comprendre. Avant me tourner vers vous, je me suis adressée à tant de monde, des personnes influentes qui ont toutes Je la dis queiser. Je me suis tournée vers vous, Monsieur Castel, par désespoir en pensant que si des Bandjouns, des Bamilékés, des Camerounais, des Africains, des diplomates, des journalistes, des officiels, des tontons, des intimes de Fotso refusaient d’aider que vous qui paraissiez si haut, tellement loin de tout cela, trouveriez de bonnes et implacables raisons pour les imiter. Vous m’avez surprise. En faisant beaucoup et en étant au-dessus d’eux !

Je me souviens avec émotion de votre incompréhension devant le silence de mon papa qui ne vous s jamais remercié et qui n’a pas pu lever le petit doigt lorsque ses sauvageons m’ont frappée. Vous m’avez demandé comprenant que je n’avais ni mère ni de fratrie : « Mais que fait votre père bon sang !?» Je n’ai pas pu vous répondre… la réalité était défigurée, abominable et honteuse : bien avant sa mort, le 19 mars 2020, Victor Fotso n’était plus. On l’a usé et abusé jusqu’à la lie, jusqu’au moment où il est devenu inutile et encombrant.

Votre ami décède à l’Hôpital Américain de Paris un jeudi de mars dans une chambre de pauvre entouré d’un garde du corps qui n’était là que pour s’assurer qu’il accepterait son sort sans appeler au secours. Il meurt en s’étant battu non pas pour gagner une bataille qu’il savait perdue vu son âge mais tenir bon pour pouvoir dire au revoir à ses enfants. On lui a refusé même cela. L’assistante sociale de l’hôpital qui dut intervenir ne put rien faire…L’entourage fut plus que négligent, malveillant, uniquement et totalement accaparé par l’argent et le pouvoir.

Je ne vous révèlerai pas publiquement ce qui s’est passé par la suite mais Monsieur Castel, sachant qu’il avait acheté les bonnes personnes, le gang des barbares s’est quasiment tout permis. Fotso Victor a été enterré le 20 juin 2020 tel un homme sans enfant, sans femme, sans mère, sans famille, sans patrie en grande partie à cause de son parti. Oui, ses héritiers qui ne forment pas une famille mais des clans, n’ont pas été à la hauteur mais ils auraient très difficile de l’être : tout fut fait pour créer le chaos, faire diversion pour perpétuer la mangeoire.

La vérité, je vous la dois. Je me doute bien qu’elle vous embarrassera peut-être plus qu’elle ne vous touchera. Bien qu’affreuse, encombrante et violente, je me battrai toute ma vie pour qu’elle éclate et obtenir justice pour Fotso. Je terminerai en vous rappelant ce que mon père a fait pour Jacques Lacombe, ce polytechnicien qui l’a accompagné lorsqu’il est mort d’un cancer affreusement en 1996. Vous savez que combien ce fut éprouvant mais il l’a fait. Les hommes de votre trempe et de votre époque tiennent leur parole et ne peuvent laisser un des leurs mal mourir. Monsieur Castel, Fotso Victor se serait mêlé de choses qui ne le regardent pas par fidélité pour un compagnon de route ou un ami.

En s’identifiant à un pair mort tragiquement, il aurait aidé sans qu’on ne le lui demande en agissant comme un ami qui est un frère. Il n’aurait pas su ne pas réagir même si cela troublait sa retraite et l’exposait… Bandjoun n’a plus qu’un roi Tchinda au service des puissants qui ne sait que se servir sinon il vous aurait fait Fô pour vous encourager à agir. Le Cameroun a été complice sinon l’état aurait fait ce que j’ai fait, enquêter pour savoir au lieu de choisir l’argent et un camp. Vous avez les ressources et l’influence pour vérifier et rappeler que dans un monde civilisé, on ne permet pas à mort un capitaine d’industrie en tolérant des délits et des crimes. Je ne vous attends pas mais vous espère avec les ailes que donnent autant l’amour et le respect des morts que le désespoir. Vous pouvez imaginer Fotso sur son lit de mort dans la chambre la plus cheap d’un hôpital parisien pourtant équipé pour des fins de vie dignes et luxueuses. Les hommes d’honneur au Cameroun, en Afrique et ailleurs sont désormais rarissimes et ne sont plus des Pebês, ces nobles qui, respectant autant l’humain que le sacré, montrent par leurs actes qu’il y a des interdits même à une époque impitoyable avec les premiers de cordée.

Vous avez droit, Pierre Castel, au repos mérité du guerrier. Toutefois, il y a l’Histoire, celle dans laquelle vous êtes entré avec la prunelle de mes yeux en refusant de subir pour devenir acteur et la faire. C’est elle, non la mère éplorée que je suis qui ne peut faire un deuil impossible sans justice, qui vous interpelle avec tous les égards dus à un guerrier pour une fois encore déterminer s’il est acceptable de réduire des Patriarches tel que vous à leurs manquements et à des cancres rapaces. Il ne vous est demandé que de vous souvenir du jeune homme illettré mais orgueilleux, ambitieux et travailleur qu’a été Fotso et qui s’est fait pour n’être que défait de la manière la plus ordurière possible par sa chair.

Si vous pensez qu’il ne méritait pas de finir tel un gueux, il appartient, à vous, le dernier Pebe, de contribuer à laver l’affront fait au Dernier Bamiléké sans avoir à laver ses femmes et ses enfants.