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[Confidence] : il n’a pas voulu monter dans la voiture de la police et il se serait fait traîner sur le sol

Ce lundi 6 février, n’a pas été pour l’homme d’affaire un jour comme les autres. Ce jour, entrera dans l’histoire de sa vie. Parce qu’au petit matin, dit-on vers 6 h 03, le puzzle était suffisamment réuni pour l’interpeller. On dit souvent, qu’il faut beaucoup de bois morts pour que haute soit la flamme. Oui… Il a fallu beaucoup d’hommes soupçonnés disparus pour qu’afin les esprits se retrouvent dans le ciel pour faire son affaire.

Il était temps pour le pays d’entrer en action chez les suspects du commanditaire de l’assassinat  de Zogo. Depuis quelques jours, la rumeur courait et l’arrestation des présumés assassins, n’était plus qu’une affaire de temps. Et hier matin, la force du droit a prévalu. Mais rien d’étonnant, c’était prévisible. Il y a des comportements qui ne trompent pas ; un criminel même s’il est le plus intelligent au monde, commettra une erreur qui ramènera les recherches jusqu’à lui. Ou alors il aura des attitudes qui seront interprétées comme la signature du criminel. Il y a eu beaucoup de traces dans le cas de ce crime.

C’est donc à l’aurore, que Jean-Pierre Amougou Belinga a été arrêté, il était là, le visage embué, las, avec un regard chargé d’une résignation muette. Son palais était debout comme sur une colline déserte. Son arrestation s’est faite par la force, véritable stupeur pour ceux qui étaient présents parce qu’il parait qu’il ne voulait pas obtempérer. 

Selon les voisins, il n’a pas voulu monter dans la voiture de la police et il se serait fait traîner sur le sol avant d’être  jeté dans le véhicule des policiers  comme un sac de Macabo. Il est resté suspendu comme un sel noir au milieu des hommes qu’il a souvent méprisés. Les Camerounais avaient soif de justice, c’est pourquoi, ils fantasmaient son arrestation depuis des heures. Mais notre président nous a toujours appris à surprendre les plus forts.

Belinga était entré dans un calme retentissant depuis le drame. Le comportement de ce monsieur souvent enclin à la provocation montrait quelque chose d’anormal. Des reportages et des nominations étranges, tout cela était fait exprès pour impressionner, pour se donner de l’assurance. Il cherchait par cette attitude à faire le vide sur lui-même. Une fois le vide fait, la parole pouvait passer. Mais ici, c’est encore son entourage qui parlait pour lui. Il y a la présence de la culpabilité dans certains silences, c’est l’attitude des criminels de génie. Quand j’ai vu toutes ces fantaisies, j’ai compris qu’il y avait ici la signature du criminel. Ce sont des attitudes de détresse. Toutes ces scènes de prière des hommes d’église qui s’accompagnent des musulmanes, des prières dites en Italie par les prieurs.

Un reportage vidéo en tenue blanche, un fond trop triste de l’homme, portant les porches noirs qui cachent les yeux qui ont certainement perdu sa vigueur, tout cela était des traits de dissimulation de quelque chose. Sans oublier cette élégance affirmée pour essayer d’engourdir la douleur ; il cherchait à transfigurer l’énergie qui raffine le visage d’un saint.

Dans les crimes, le défunt s’installe dans les corps de son bourreau et délivre à l’enquêteur le déroulement du crime dans le silence des échanges. Les enquêteurs ont déjà le film écrit du crime. C’est le mort qui a la vraie version de la chasse et il aide l’enquêteur à déceler cela dans les propos de l’inculpé. C’est le son des invisibles, ce que tu ne veux pas dire à l’enquêteur. Ce dernier l’entend et le comprend par une voix silencieuse, Zogo est maître des lieux. L’accusé ne peut pas nier indéfiniment, à un moment, il craque, s’il continue de nier, il complique sa situation. C’est là où la torture psychologique commence, on le laisse dans un coin isolé, sous bonne surveillance et on attend lorsque le sommeil l’enroule pour l’interroger. Le criminel cède au troisième jour de l’enquête généralement. Mais pour ceux du service secret, ce sont des durs à cuire. Ils restent sur leur position et préfèrent mourir que de parler, mais ce sont des attitudes propres pour les enquêtes européennes. En Afrique si le policier nommé Akim te presse sur sa poitrine une fois… Tu es sûr de parler.

L’écrivain, que je suis, serait tenté de tressaillir, comme j’ai vu bon nombre des camerounais le manifester depuis hier matin à Paris. Mais sauter de joie quand une famille est encore dans la douleur ? Cette affaire n’est pas une affaire comme les autres. Devant ce genre d’affaire, la colère n’est pas loin, la révolte aussi, on peut se trouver dérouté. Donc, il faut essayer de rester calme et d'attendre.

Jean pierre Belinga,
Homme né souffreteux, est une personne qui a toujours voulu se distinguer, mais le manque de moyens le mettait à l’écart de la société impériale. Il trompait son monde, comme on dit familièrement... Mince, avec une face peu intelligente, laide même, des mains saillantes et boudinées, un menton léger sur une bouche attachée, semblable à la description que donnait Garofalo au sujet des criminels du 17e siècle.  L’individu a un regard affable, presque toujours souriant qui peut facilement tromper pour un bon compagnon. Et pourtant, cet homme est un monstre. Ce qui frappe d’abord, c’est le contraste, un homme vif, relativement jeune, il n’a pas encore 60 ans. Une culture alerte, l’homme aux grosses lunettes d’acier, vulgaires, pouvaient lui donner un air d’intellectuel, ce qui d’ailleurs lui faisait prendre place devant les hommes d’affaires impotents tyranniques, qui aimaient la polémique. Il avait la volonté de puissance qui caractérise tout être humain qui a parcouru les étapes difficiles pour parvenir au sommet. L'artisan des basses besognes. Il avait pénétré les services spéciaux comme on entre dans les loges.

Son enrichissement, qui reste encore flou, l’avait rendu fou. On sait seulement qu’il a un groupe de presse et qu’il gagne des marchés. On sent avec les arrestations de ses complices qu’il était très intégrées dans le sérail, et je dirai même qu’il faisait partie des cercles fermés du pouvoir.

Comment une personne qui est arrivée au sommet peut-elle avoir une telle chute ? Oui, c’est vrai, le président Sassous Nguesso, dans son livre autobiographique disait que : « Le pouvoir est une chose étrange, quand vous l’avez cela peut vous rendre fou, optimiste ou pessimiste », comment des hommes visiblement équilibrés peuvent-ils avoir l’amour et la conscience de la mort ?  Comment l’homme peut-il satisfaire son plaisir dans la douleur de l’autre, dans la haine, l’agressivité ? Comment les hommes peuvent tuer comme s’ils se vengeaient d’une faim. Même innocentée, une telle arrestation te fait descendre du piédestal. Après cette arrestation, les camerounais de la diaspora ont le cœur tranquille.

Voilà le baobab aujourd’hui dans une sorte de kermesse noire comme la veille d’un sabbat.
je me pose une autre question :  de quoi sont  faits certains  hommes  ? Et cet Amougou Belinga, qui était-il ? Qu’est-ce qui lui donnait tant de zèle ?

En résumé, la conscience claire qui est le symbole de la condition humaine, vit d’absurdité et lorsque la raison rejaillit et perçoit le réel on se retrouve à l’heure de notre naissance. Vie absurde, où on voit notre petite tête, incapable de saisir le bon côté des choses, nous sommes toujours plongés vers le mal qui nous isole dans le silence, et la solitude des cellules où on retrouve finalement notre être raté.

 

 

Calvain Djouari