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Crise anglophone : « Ceux qui tirent profit de l’économie de guerre depuis le déclenchement de cette crise il y a cinq ans doivent être identifiés »

Jean Robert Wafo, Responsable du shadow cabinet du en charge de l'information et des médias du Social Démocratic Front (SDF), interroge les entrepreneurs de la guerre qui, depuis 5 années déchire les régions anglophones du Cameroun.

L’incident survenu dès l’entame de la visite du Premier ministre dans le nord-ouest vient une fois de plus nous rappeler qu’il faut trouver très vite une solution de sortie de crise. Je pense que la tournée du Premier ministre à Bamenda – où il va rencontrer toutes les forces vives de la région – va dans ce sens et c’est en cela que cette attaque des séparatistes est inadmissible et à condamner avec la plus grande fermeté. Il faut toujours laisser une chance pour la paix.

Au vu des images vidéos qui ont circulé dans les médias montrant la stupéfaction des membres du convoi, le moins que l’on puisse noter sur cet incident est que les séparatistes sont parvenus à mettre en déroute tout notre système de renseignement. On ne saurait comprendre que le déplacement du Premier ministre, Chef du gouvernement, pour une mission de très haute importance dans le chef-lieu d’une région aussi délicate, ne puisse pas être accompagné par le survol des drones tout au long du trajet.

Ce manquement grave trahit tout au moins la légèreté de notre système de renseignement prévisionnel. Du fait de ce manquement grave, les séparatistes ont pu attirer l’attention sur eux et le moins que l’on puisse dire est que tout au long de cette visite, on parlera manifestement plus de cette attaque que du message. Ce qui est dommage. Or le Premier ministre est venu pour discuter avec les uns et les autres pour trouver une solution à cette crise qui n’a que trop duré.

Aujourd’hui il faut forcément accentuer le dialogue avec les différentes parties prenantes.

Il faudra toutefois aller un peu plus loin. Il est important, côté gouvernement, de changer d’interlocuteurs ou d’interfaces. Il y a au minimum deux courants qui s’affrontent pour la résolution de cette crise anglophone. Les faucons qui, malgré les rappels incessants du SDF, ont fait dans le déni de la réalité de cette crise doivent être mis de côté. Pour laisser une chance à la paix. Rien de durable ne peut se faire sans la paix.

Ceux qui tirent profit de l’économie de guerre depuis le déclenchement de cette crise il y a cinq ans doivent également être identifiés, mis de côté et sévèrement sanctionnés. Par contre, les personnalités reconnues comme ayant un sens avéré et élevé de la pondération, de la mesure, du dialogue et de l’humilité doivent définitivement être au-devant de la scène pour la résolution de cette crise qui a déjà provoqué des dégâts tant humains que matériels immenses.

Il n’est de secret pour personne que certains ministres originaires du nord-ouest contestent au Premier ministre sa ligne qui est pourtant une ligne conciliatrice qui promeut à juste titre le dialogue. Au-delà de l’acte des séparatistes pour qui, dans les conflits de ce type, tous les moyens sont bons pour faire parler d’eux, certains membres du sérail gouvernant ne veulent également pas qu’il aille au bout de sa logique et sont donc prêts à lui mettre les bâtons dans la roue.

Il faudrait regarder au sein du gouvernement et notamment ceux qui sont les contempteurs du Premier ministre et interroger leur action dans cet incident. Rien n’est à exclure. Il faut analyser tous les contours pour ne pas prendre des positions hâtives. En plus des séparatistes qui ne surprennent plus personne, il faudrait donc interroger ceux qui ne veulent pas l’option de dialogue du Premier ministre dans la résolution de cette crise et surtout débusquer d’éventuelles mains noires tapies au sein du gouvernement pour torpiller ses actions.

En cas de réussite dans la démarche de sortie de crise par le dialogue, les faucons redoutent qu’on mette cela au compte du Premier ministre, ce qui le positionnerait en tête de tous les prétendants dans son camp, étant entendu que nous sommes dans une ambiance de fin de règne.

Quel que soit le cas, il faut trouver une voie de dialogue avec les séparatistes. Gardons-nous d’être dans une position de négocier car quand on négocie, on laisse toujours des plumes. Vaut mieux discuter, dialoguer maintenant pour ne pas se retrouver à terme dans une position où on sera obligé de négocier.

Jean Robert WAFO

Ministre du shadow cabinet du SDF en charge de l’information et des médias.