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Crise anglophone et génocide Rwandais : Pr Jean-Claude Shanda Tonme répond au député français Sébastien Nadot

L’homme politique répond au député français Sébastien Nadot, qui dans une sortie a dit observer dans la gestion de la crie anglophone, les mêmes prémices qui ont conduit au génocide au Rwanda en 1994.

Protestations contre vos allégations diffamatoires tendant à faire une comparaisons sur la situation des régions anglophones du Cameroun avec la survenance du génocide Rwandais en 1994

Monsieur le Député,

Je suis citoyen camerounais, résidant au Cameroun, acteur, témoin, critique attentif et promoteur de nombreuses initiatives civiles et politiques pour l’évolution de la société camerounaise dans tous les sens du terme. Je suis également très attaché à votre pays, francophile dès le bas âge et ancien des bancs de quelques-uns des meilleurs établissements de formation du dit pays, la France.

Je voudrais ici, en toute honnêteté, vous remercier, pour l’attention que vous manifestez pour notre pays, d’autant plus que le Cameroun et la France, sont irrémédiablement liés par une somme d’acquis historiques, culturels, diplomatiques et géopolitiques qui ordonnancent leurs rapports multiformes.

Monsieur le Député,

Ma présente démarche en votre direction, est motivée par vos récentes déclarations selon lesquelles, vous observez dans la gestion de la crie anglophone, les mêmes prémices qui ont conduit au génocide au Rwanda en 1994.

Permettez-moi de vous exprimer, en restant respectueux de votre statut, mes vives protestations devant une telle allégation qui ne repose sur aucune analyse, aucune étude, aucun élément matériel ni aucune volonté cachée ou apparente de qui que ce soit de bonne foi au Cameroun. En effet il y a lieu de craindre, soit que vous ayez rencontré des personnes de mauvaise foi déterminées à salir l’image de notre pays, soit que vous ayez délibérément consenti à participer à une entreprise clairement malveillante animée par des groupes néocoloniaux et néo-impérialistes porteurs d’ambitions lugubres.

Je veux par-dessus tout vous assurer, qu’aucun Camerounais honnête ni aucun étranger sérieux, ne peut aujourd’hui, et pas plus que hier ni demain, prêter, prêcher, soutenir ou dicter un tel destin à ce pays. Certes, nous faisons face à des revendications de certains groupes qui ont décidé de recourir à la violence armée, au terrorisme et banditisme pour se faire entendre. Mais les plus hautes autorités du Cameroun, ont résolument opté pour le dialogue.

Il aurait effectivement suffi, que le chef de l’Etat soit un va en guerre, pour que le pays s’embrase, pour que ces deux régions soient soumises à une réelle guerre civile. Ce n’est heureusement pas le cas et ce ne sera jamais le cas.

Monsieur le Député,

Je vous parle avec la paix de l’esprit, l’engagement et la détermination d’un citoyen qui aime son pays comme vous aimez le vôtre, qui a entièrement commis sa vie, son travail et sa démarche à la lutte contre les injustices, les abus de toute nature de même que la répulsion des discriminations, des sectarismes et des marginalisations. Les Etats africains sont pour la presque totalité, encore jeunes, insuffisamment structurés et donc en quête d’outils, d’instruments et de formes appropriés pour leur modernisation et leur stabilisation. Le Cameroun, pays aux nombreuses ethnies et donc culturellement très diversifié, offre d’autant plus une photographie parfaite de ce constat, qu’il est par ailleurs un compromis historique entre deux types de colonisation, française et anglaise.

C’est donc depuis l’accession à la souveraineté internationale, que nous travaillons ardument à aplanir les facteurs éventuels de divisions pour asseoir un Etat solide, viable consensuel et respecté sur la scène mondiale. A la vérité, aucun Etat Africain ne peut aujourd’hui affirmer avoir définitivement réussi cette épreuve. Faudrait-il par ailleurs le souligner, qu’aucun système de gouvernance ni régime politique dans le monde, ne peut se targuer de connaître une construction parfaite et stable à l’abris des secousses et des tentations de fracture.

S’agissant particulièrement du Cameroun, je veux me convaincre que vous manquez d’informations fiables, et seule un séjour sur place où je me ferai le plaisir de vous accueillir, pourrait vous faire prendre connaissance de la réalité. Les efforts déployés ici pour résoudre ce qu’il est convenu de nommer la crise anglophone, sont immenses et honnêtes. Aucune voie, aucune voix y compris le vôtre, aucun moyen ni aucune médiation n’est négligée.

Enfin, juriste et internationaliste pétri d’expertises, de leçons et d’éthique diplomatique, je suis bien placé pour conclure, que le recours à la notion de génocide, même de façon incidente, pour faire des observations ou des projections sur l’évolution du Cameroun, procède non seulement d’une grave inadéquation normative, mais également d’une dangereuse divagation dont devrait se méfier un élu du peuple qui de surcroît veut voir au loin.

En vous quittant, je réitère le vœu de vous voir arriver au Cameroun, et vous assure que de meilleures dispositions seraient prises pour faciliter votre travail sur le terrain, vos contacts de même que différents déplacements internes souhaités.

Dans l’attente, je vous prie de croire, Monsieur le Député, à l’assurance de ma haute et conviviale considération./.