Malgré les plans de relance implémentés pour sortir de la zone de turbulence, la compagnie aérienne continue sa descente aux enfers. Mais où se trouve finalement le problème ?
Le fait qui a remis le débat au goût du jour, c’est cette image qui a fait le tour des réseaux sociaux il y a près d’un an aujourd’hui. 7 ministres camerounais débarquent à Maroua à bord d’un avion de la compagnie Ethiopian Airlines afin d’évaluer les dégâts causés par les inondations dans la région de l’Extrême-Nord et proposer des solutions par la même occasion. Et de nombreux jouisseurs de se demander : « pourquoi le choix d’une compagnie aérienne autre que Camair-Co, alors que le président de la République a instruit la reprise des vols domestiques par « l’Etoile du Cameroun » ? Un fait qui a fait dire à bon nombre d’observateurs que si l’option Ethiopian Airlines venait à être conjoncturelle, elle trahit à n’en point douter, l’incapacité à mettre sur pied une compagnie nationale aérienne viable et fiable, susceptible de voler ne serait-ce qu’à l’intérieur du Cameroun. Ces mêmes observateurs voient plutôt en Camair-Co, « un gâchis de gouvernance ; un gouffre à sous ; mais surtout un terreau pour batailles de charognards déterminés à se servir sur la bête. »
Si aujourd’hui certains aéronefs de cette compagnie illuminent peu à peu le ciel camerounais, avec de nouvelles dessertes à l’instar de Bafoussam, il ne serait pas superfétatoire d’indiquer que le mal au sein de cette compagnie aérienne est plutôt profond et ne date pas d’aujourd’hui. En effet, Camair-Co a toujours fonctionné avec des charges largement supérieures aux recettes d’exploitation. L’on parlait même d’un déficit allant jusqu’à plus de 1,5 milliards Fcfa/mois, avec une dette estimée en 2016 à près de 35 milliards Fcfa. Dette dont la grande partie était composée de fournisseurs dits bloquants pour lesquels la dette en question devient exigible à court terme et dont le non-paiement peut à tout moment arrêter l’exploitation.
Il s’agit par exemple des loueurs d’avions, des fournisseurs de carburants, des services d’assistance au sol, des services de navigation aérienne. A cette situation peu reluisante, il faut ajouter une flotte insuffisante qui ne peut couvrir le réseau et inadaptée à la concurrence. Toutes choses qui seraient à l’origine de la désorganisation de l’exploitation qui a toujours entrainé les annulations de vols, la qualité approximative du service, la saisie des avions, et le retard dans le paiement des salaires, et même le changement à la tête même de ses structures. Camair-Co c’est donc 3 directeurs généraux en 5 ans ; une trésorerie en berne ; des lignes abandonnées ; non sans oublier des brouilles fréquentes avec le gouvernement. Un vrai casse-tête.
Source : La Nouvelle