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Malicka Bayemi sort de son silence et se confie à un journal suisse : « ma vie, a été détruite. En plus, j’ai été calomniée »

«Le Temps », le célèbre quotidien suisse, édité à Lausanne, a consacré un article sur la sexetape dans laquelle se retrouve aujourd’hui éclaboussé Martin Camus Mimb, le célèbre journaliste sportif et patron de média.

Le journal Suisse « Le Temps », revient sur cette affaire qui continue de faire grand bruit au sein de l’opinion. Le principal mis en cause, Martin Camus Mimb, a finalement présenté des excuses, ce qui sonnent désormais  comme un aveu quant au fait d’avoir porté atteinte à l’intimité de la vie privée de Malicka, la jeune femme que l’on aperçoit dans la vidéo.

 237actu.com propose à ses lecteurs la lecture intégrale de cet article publié par le journal « Le Temps »

Une vidéo d’ébats sexuels, plutôt banale, a déclenché au Cameroun un maelström de révélations sordides. La sextape se déroule dans le bureau d’un journaliste sportif très en vue, Martin Camus Mimb, réputé proche de la star du football camerounais Samuel Eto’o et qui possède sa propre chaîne, Radio Sport Infos (RSI). Depuis, les témoignages et les dénonciations s’accumulent: des politiciens, journalistes et hommes d’affaires se retrouveraient dans ce qui ressemble à des sociétés secrètes pour assouvir leurs fantasmes, asservir sexuellement des jeunes femmes et filmer les ébats, afin que personne ne soit tenté de les divulguer.

La parole qui se libère en dit long sur la situation des femmes au Cameroun, qui n’ont de droits qu’en théorie, sur l’hypocrisie d’une société pétrie de morale, qu’elle soit chrétienne ou héritée de traditions ancestrales, et sur l’atmosphère de fin de règne, alors que l’autorité du président Paul Biya, 88 ans, dont trente-huit au pouvoir, décline.

Selon ce qu’elle en a dit à son avocate, Malicka Bayemi, la jeune femme de 24 ans qui apparaît dans la vidéo, est contactée, le mercredi 16 juin dernier, par Wilfrid Eteki, une connaissance de longue date, qui lui promet «un truc hors normes», chez un ami. Ce dernier est un flambeur, l’héritier d’une chefferie traditionnelle et le patron du restaurant à la mode à Douala, Le Comptoir colonial. Elle doit se rendre chez le dentiste et décline l’invitation. Mais il insiste et elle cède. Elle est encore sous l’influence des analgésiques quand ils arrivent à la radio RSI de Martin Camus Mimb, rendu populaire aux yeux des Camerounais par son bagout mais aussi son handicap surmonté – il ne se déplace pas sans canne.

«Elle a peur d’être lynchée en pleine rue»

Après avoir bu du Jack Daniels avec les deux hommes, elle se livre à un rapport sexuel avec Wilfrid Eteki, filmé, selon Malicka Bayemi, par Martin Camus Mimb. Puis elle a un rapport avec ce dernier, non filmé cette fois. Après les ébats, ils se prennent en photo et Martin Camus Mimb dédicace son livre, Debout! L’histoire vraie d’un miraculé, comme pour remercier la jeune femme: «Malicka, tu incarnes des plaisirs qui transpirent la force et le courage […] tu enchantes le monde», écrit-il. Malicka et Wilfrid prennent congé, s’arrêtent dans un snack-bar du quartier, prennent encore un verre. Une heure s’est écoulée depuis leur orgie et Malicka est loin de se douter que les vidéos de ses ébats tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Mais dès qu’elle débouche dans la rue, des passants la reconnaissent et la montrent du doigt. Sa famille est déjà au courant. L’humiliation.

«Ma vie, dit-elle au Temps, a été détruite. En plus, j’ai été calomniée.» Car Martin Camus Mimb nie tout en bloc, prétend ne pas connaître ses deux invités et affirme être victime d’un complot fomenté par la jeune femme. Mais Wilfrid Eteki, lui, reconnaît une partie des faits et justifie la diffusion des films sur la Toile par une erreur de manipulation. «Malicka a désormais peur de sortir de chez elle», explique Me Dominique Fousse, son avocate, à la tête du collectif de défense Universal Lawyers and Human Rights Defence: «Elle a peur d’être lynchée en pleine rue par ceux qui ne veulent voir en Martin Camus Mimb qu’une victime, et non un prédateur.» Sauf que l’opinion publique a basculé en quelques jours et s’est en partie retournée contre l’ancien chéri des médias. Est-ce le début d’un #MeToo camerounais?

Une société secrète avec des règles occultes

Dans la foulée de ce scandale, Rosine Deumaga, qui dirige à Paris une ONG active au Cameroun, a décidé de parler publiquement du harcèlement qu’elle a subi de la part de Martin Camus Mimb dans un hôtel parisien alors qu’elle voulait lui parler d’un projet humanitaire. «Ce qu’a enduré Malicka m’a convaincu de raconter mon histoire, dit-elle. Mais c’est très dur, même mes parents ont peur pour la réputation de la famille et des répercussions que cela pourrait avoir, car les personnes comme Martin Camus Mimb ont le bras long. Je leur ai répondu de mesurer mon bras. Je suis déterminée désormais.» Ces derniers jours, les témoignages d’autres femmes camerounaises qui ont souffert les avances indécentes, parfois violentes, et les attouchements de Martin Camus Mimb ont révélé à la fois sa face sombre et les collusions, voire les soutiens politiques, dont il a pu jouir.

Des journalistes, des personnalités connues et même le ministre délégué de la Justice, Jean de Dieu Momo, ont d’abord offert leur soutien inconditionnel au journaliste, n’hésitant pas à salir la réputation de la victime. Mais la vague de réprobation a contraint à des revirements. «Je ne m’exprimerai plus», a concédé Jean de Dieu Momo. La ministre de la Promotion de la femme et la famille, Marie-Thérèse Abena Ondoa a, elle, critiqué son collègue et apporté son appui à Malicka Bayemi. Il s’agit déjà d’une affaire d’Etat, mais cela pourrait n’être que la pointe de l’iceberg.

Selon la presse camerounaise, il y aurait bien d’autres sextapes, tout un réseau même, dont seraient membres, aux côtés de Martin Camus Mimb et de Wilfrid Eteki, des dizaines de politiciens, de ministres, de préfets, de sportifs et de riches hommes d’affaires. Tous réunis dans le groupe WhatsApp «On déconne un peu» organisé comme une société secrète avec ses règles occultes, dont celle de partager des vidéos pornographiques, et dont on ne pourrait sortir sans risquer de voir dévoiler sa propre sextape. Le 24 juin, les deux hommes ont été cités à comparaître. Deux autres plaintes seront déposées aux Etats-Unis et en France