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Valéry Mézague, ce talent générationnel qui a quitté la scène très tôt

Le footballeur Valéry Mézague avait brutalement quitté ce monde en 2014, plus de 10 ans après avoir fait un terrible accident de la circulation qui a bouleversé sa carrière de footballeur.  Ceux qui ont croisé le camerounais avant et après ce coup du sort s’en souviennent.

Sofoot

Ce 31 juillet 2003, Valéry a pris sa voiture dans les environs de Marseille. C'était un jeudi, il était presque minuit. Un peu fatigué, il a roulé à vive allure sur une route à quatre voies, au rythme cadencé des lumières qui défilent. Ses pensées se sont perdues, ses yeux ont vagabondé. Auparavant régulier, l'éclairage blafard des néons a commencé à s'espacer. Petit à petit, sa vue s'est brouillée pour ne plus former qu'un tableau impressionniste, où la lumière s'est soudain teintée de noir. La suite, c'est un monde de pénombre et d'obscurité, une sensation de vide et de flottement, un entre-deux incertain entre la vie et la mort. Après trois jours de coma, Valéry s'est finalement réveillé dans un lit de l'hôpital Nord, affaibli par un grave traumatisme crânien. Les médecins lui ont expliqué qu'il s'était assoupi au volant de sa berline et avait eu un terrible accident, dont il garderait des séquelles à jamais. À tout juste 19 ans, son destin si prometteur venait de basculer.

« J'étais sur un nuage  »

À la vérité, présenter la vie du footballeur camerounais revient à raconter deux fables bien distinctes. « Il y a eu deux Valéry Mézague » , confirme son ancien ami Omar Daf, qui l'a longtemps pris sous son aile au FC Sochaux : « Le joueur avant l'accident et le joueur après. » La première partie du conte rapporte l'histoire d'une ascension précoce et fulgurante. Né à Marseille en décembre 1983, Valéry découvre le football à tout juste six ans. « Mon père jouait à l'US camerounaise de Marseille et j'allais souvent le voir jouer. J'y ai finalement passé trois années. À l'époque, j'étais attaquant et je marquais beaucoup de buts  » , expliquait le principal intéressé, bientôt recruté par un autre club de la ville, le Burel FC, qui l'installe au poste de libéro. De par sa qualité technique supérieure et sa propension à dribbler dans la surface de réparation, il y acquiert le surnom flatteur de « Laurent Noir » . Très vite, son talent indéniable crève l'écran. En claquant un doublé lors d'une compétition de jeunes, Valéry impressionne Roger Milla, qui le recrute à Montpellier à tout juste quinze ans, en bon compatriote.



La suite, comme il le reconnaissait lui-même, est allée très vite. Le jeune espoir dispute son premier match professionnel à 17 ans, contre Sète en Coupe de France. Deux ans plus tard, pour sa première titularisation en Ligue 1, il marque un but contre l'OGC Nice qui confirme son immense potentiel. Lancé à toute vitesse vers les sommets, le joueur savoure sa mise en orbite. « Je ne réalisais pas ce qui m'arrivait. J'étais un peu sur un nuage, mes potes du centre me chambrent encore aujourd'hui en me disant que je me la pétais... Après, tout s'est bien enchaîné avec deux buts face à Strasbourg, la médiatisation, la sélection camerounaise, la Coupe des confédérations. C'était, pour moi, la récompense d'un long travail et de beaucoup de sacrifices. » À tout juste 19 ans, Valéry est un prodige, pour lequel France et Cameroun s'écharpent. En mars 2003, il est convoqué chez les Espoirs tricolores, mais opte finalement pour la sélection camerounaise. « Quand il a choisi le Cameroun, ça a fait un drame, c'était un très bon joueur que tout le monde voulait » , se souvient Jean-Claude Plessis, son ancien président à Sochaux, qui a du mal à en « parler au passé » .

« Au fond de lui, il espérait autre chose »

Retenu pour la Coupe des confédérations, le milieu relayeur participe au magnifique tournoi des Lions indomptables, seulement battus par la France en finale. Ironie sordide de l'histoire, lors de la demi-finale face à la Colombie, c'est lui, Valéry Mézague, qui remplace le regretté Marc-Vivien Foé, qui vient de s'écrouler sans vie sur la pelouse de Gerland. Un peu comme si Mézague côtoyait pour la première fois la mort en direct. Un mois plus tard, celle-ci lui rend visite en personne. « Sa force physique et mentale lui a permis de surmonter cette épreuve, explique Rudy Riou, son ancien partenaire à Montpellier. J'étais allé le voir à l'hôpital, il m'a expliqué qu'il avait eu un coup de fatigue dans une ligne droite. Il n'avait pas bu d'alcool, il rentrait voir sa famille, l'accident bête. C'était difficile de revenir pour lui, mais il y est quand même arrivé. » Après six mois de convalescence, Valéry revient en effet sur les terrains, conscient de sa chance. Malgré ses efforts, il ne retrouvera pourtant jamais la totalité de ses capacités. « Il était diminué. Parfois, sur le terrain, il avait des absences, il déconnectait du match, comme s'il était ailleurs » , témoigne Jean-Claude Plessis, bientôt rejoint par Frédéric Sammaritano, qui l'a côtoyé pendant une saison à Vannes : « Cela durait quelques secondes. Quand on jouait au poker dans le bus, on sentait des moments de flottement, comme s'il n'était plus tout à fait avec nous. »